L'enfant du siècle - Histoires de Sexe

L'enfant du siècle

... tu me rejoins dans le salon ?
— Oui, je te remercie beaucoup…

J’attendis qu’elle fermât la porte de l’atelier, puis je me retournai et enfilai la robe de chambre de soie noire que Geneviève avait laissée à ma disposition. Lorsque j’arrivai dans le salon, Marthe était en train de servir deux grands verres de Chablis sur la table basse qu’il y avait devant deux imposants fauteuils de style Louis-Philippe.

— Bonjour, Marthe, fis-je, légèrement gêné d’être en robe de chambre. Merci beaucoup.
— Je vous en prie, monsieur, répondit-elle. Bonjour.
— Assieds-toi, je t’en prie, reprit Geneviève. Marthe, êtes-vous en mesure de servir le déjeuner vers midi et demie ?
— Bien sûr, mademoiselle.
— Parfait, je vous remercie. Vous pouvez disposer.
— Bien, mademoiselle.

Nous trinquâmes et nous continuâmes notre conversation sur la politique tout en dégustant ce vin exquis. J’en venais à oublier ma gêne d’avoir été nu devant Geneviève. Je lui avouai que je commençais à partager ses sympathies républicaines et que je honnissais le régime de Badinguet. Elle se leva et se dirigea vers sa bibliothèque installée contre un des murs du salon.

— Tiens, me fit-elle en me tendant deux petits ouvrages.
— Merci.

Je les pris. L’un s’intitulait « Les luttes de classes en France » et l’autre « Le 18 brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte », tous deux d’un certain Karl Marx, dont je n’avais jamais entendu parler. Je le dis à Geneviève.

— C’est normal, me répondit-elle en riant, ce n’est ...

... pas le genre de lectures qu’on recommande chez les curés.
— Qui est-ce ? demandai-je.
— C’est un philosophe de formation et un militant révolutionnaire allemand qui organise la défense des intérêts des travailleurs dans le monde entier, pour construire un monde meilleur où l’exploitation de l’homme par l’homme disparaisse de la surface de la Terre.

Je restai interloqué par cette tirade et ne sus que répondre.

— J’ai des amis à Paris avec qui je participe à cette entreprise. Tu es intelligent et cultivé, tu serais précieux pour notre groupe.
— Je vais déjà me trouver une certaine stabilité, nous verrons par la suite.

C’est à ce moment que vint Marthe pour nous annoncer que le déjeuner était servi. Nous passâmes dans la salle à manger. Marthe avait préparé une sole meunière avec de petits légumes en accompagnement, avec un autre verre de blanc. Un vrai délice.

— Marthe est une excellente cuisinière, me dit Geneviève.
— Cela fait longtemps qu’elle travaille pour toi ?
— Un an. Je te raconterai à une autre occasion comment elle est entrée à mon service. En attendant, et si nous continuions ? Il me tarde de peindre tes adorables fesses.

Je rougis. Elle rit.

**********

Cet après-midi-là, je continuai donc à poser pour Geneviève et nous fîmes la même pose toute la semaine, jusqu’à ce qu’elle eut fini son tableau. Nous observions toujours le même rituel, à savoir qu’elle s’absentait de l’atelier le temps que je me déshabille et prenne la pose. Ensuite, nous ...