L'enfant du siècle
Datte: 19/10/2021,
Catégories:
hsoumis,
fdomine,
Voyeur / Exhib / Nudisme
portrait,
historique,
rencontre,
nudité,
Auteur: Tiberius, Source: Revebebe
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Décembre 1870. L’empereur Napoléon III a été défait à Sedan. Paris est assiégé par les forces prussiennes depuis septembre. La République est proclamée. Armand Huet, jeune séminariste défroqué et en rupture de ban avec sa famille, âgé de 25 ans, originaire du département des Basses-Alpes, arrive à Paris à la recherche d’une nouvelle vie. Telle est son histoire.
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Quai des Grands-Augustins. Sous le soleil hivernal, je contemple Notre-Dame, les pieds transis de froid dans la neige. Une fois encore, je compte l’argent qui me reste en poche. 9 francs 50. De quoi passer trois nuits d’hôtel en se contentant d’un seul repas par jour. Que peut faire dans cette grande ville pour gagner sa vie un ancien séminariste provincial dont le seul bagage est la théologie, alors qu’il ne croit plus en Dieu, le latin, alors que la Sorbonne regorge de spécialistes de la langue de Virgile ?
J’étais désespéré. Comment allais-je survivre ? Devrais-je me plier à la tradition familiale, qui exige que chaque fils cadet se consacre au service de l’Église, et renoncer ainsi à connaître l’amour ? Et comment trouver du travail et un toit dans la capitale assiégée et affamée d’une nation vaincue ? Non, je trouverai bien une solution, me disais-je.
Je retournai lentement vers le quartier des Halles, où j’avais trouvé une chambre dans un hôtel à bon marché. La faim me taraudait le ventre, je n’avais déjeuné que d’une maigre soupe dans une gargote à midi. La ...
... capitale me plaisait, c’était une ville splendide et fascinante. Mais comment y survivre ? Je hélai un vendeur à la criée et lui achetai Le Petit Journal, autant pour me tenir au courant des nouvelles de la guerre que pour parcourir les petites annonces, afin de dénicher un emploi, aussi modeste fût-il.
Je m’assis dans un café et commandai un bock de bière avec un jambon beurre pour lire le journal.
La une comportait des rapports sur la situation militaire, un rapport du général Trochu, le feuilleton littéraire habituel, que je parcourus d’un œil distrait. J’allai à la page des petites annonces. Il y avait diverses annonces sur des travaux de couture à domicile, des propositions de vente et d’achat d’objets divers… Je commençai à désespérer lorsque je tombai sur l’annonce suivante : « Artiste peintre cherche modèle masculin. S’adresser au bureau du journal ».
Le siège du journal se situait rue de La Fayette, je n’avais aucune idée de l’endroit, connaissant très mal la géographie de la ville. Je demandai au garçon : « Ben, c’est dans le Xe ! », me répondit-il avec cet accent rocailleux si caractéristique des Parisiens et avec cette morgue insolente dont je m’étais déjà rendu compte que les garçons de café étaient coutumiers dans la capitale.
C’était un samedi. Il était donc trop tard pour se rendre au journal. Le lendemain, je me renseignai, puis repérai les lieux. Je m’y rendis lundi en fin de matinée. Le concierge m’accueillit d’un air maussade et me fit attendre ...