Une mère dévouée (1) - Histoires de Sexe

Une mère dévouée (1)

... rentré chez nous, finit-elle par articuler à voix basse, je ne peux pas me cacher plus longtemps. Que diraient-ils ? Elle prend une longue inspiration, et monte discrètement les escaliers.

Arrivée à l’étage, elle aperçoit une lampe fracassée par terre. La porte de la salle de bain est ouverte. Visiblement, quelqu’un laisse couler l’eau. Virginie approche à pas de loup et finit par reconnaître la chemise de Dorian, jetée par terre.

— Chéri ? C’est toi ?

Silence. Elle continue d’avancer prudemment, quand la tête de Dorian, dont le corps reste caché par le mur, apparaît dans l’embrasure de la porte.

— Maman ?

— Dorian, tu m’as fait une de ces peurs ! Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas réveillée ? Et qu’est-ce que tu fais ici ? Il est minuit à peine, je croyais que tu devais rentrer demain matin.

— Maman, s’il te plaît...

La voix de Dorian est pâteuse, traînante.

— Chéri, Dorian, tu es ivre ?

— Maman, je... La soirée était super, mais je sais pas. Je crois qu’il y a eu un problème.

Dorian s’est déplacé vers sa mère, et se tient désormais debout dans l’embrasure de la porte ; il accompagne ses explications avec de grands gestes, mimant les caissons de basse qui martelaient le parc. Virginie, quant à elle, demeure interdite, profondément gênée. Soudain, le jeune homme comprend le silence de sa mère. Il avait fait couler un bain pour se détendre et décuver, mais n’a pas attendu la salle de bain pour se déshabiller. En toute logique, il se trouve donc ...

... nu. Nu comme un ver, lui qui, d’ordinaire, affiche une pudeur de biche, à mille lieues de son connard de père qui pouvait se changer sur la plage sans même prendre la peine de cacher sa bite sous une serviette. Rouge comme une écrevisse, il fait volte-face pour cacher son intimité. Mais c’est trop tard. Elle a tout vu, tout. Elle a découvert son secret le plus intime, celui qui lui a coûté tant d’insomnies, celui qui l’a empêché, à vingt-deux ans, de ne jamais goûter aux plaisirs de la chair.

En se retournant, Dorian glisse sur la flasque de whisky qui gît par terre, et s’étale de tout son long. Dans le même temps, la baignoire déborde. De l’eau brûlante jaillit et certaines gouttelettes atteignent la peau de son dos. S’il n’avait pas aussi mal aux genoux, s’il n’était pas mortifié par la honte, il pourrait sans doute convenir du comique de cette scène.

2

Virginie referme doucement la porte de sa chambre, avance vers son lit et se laisse tomber. Les événements l’ont lessivée, elle a l’impression de sortir d’un bain de vagues dans l’océan Atlantique. Il fallut d’abord s’assurer que Dorian n’avait rien de cassé. Elle eut très peur sur le moment, en le voyant se tordre de douleur et tenir son genou. Par la suite, elle songea que les cris de douleur visaient peut-être en partie à conjurer le moment de gêne que son fils et elle venaient de vivre. Crier pour concentrer l’attention sur une blessure physique plutôt que sur une blessure d’amour propre. L’image du pauvre Dorian ...