1. Aphasie


    Datte: 30/09/2021, Catégories: fh, fplusag, couple, médical, Collègues / Travail amour, pénétratio, fsodo, init, initiatiq, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... submergeante en entendant les mots « maman, papa ». Oui, la blessure est là, béante et hypersensible. Du coup, l’autre aide-soignante vient m’essuyer et enlever le plateau. Elle me colle un pistolet à côté de moi, cette outre bizarre pour pisser, la poire d’alarme dans la main, et elles se sauvent comme des voleuses, me laissant à mes douleurs. Sur et dans la tête.
    
    J’entends à nouveau résonner les voix de ces crétins :
    
    — Qu’est-ce qu’il va devenir ? Et l’imprimerie, qu’est-ce qu’elle va devenir ?
    
    Je ne suis pas majeur, un an encore, donc pas responsable. L’entreprise, je n’y peux donc rien, même si je voulais. Quant à moi ? Pfff… Pas majeur, ça veut dire tuteur, je suppose. Et puis vivre ailleurs que dans ma maison, qui sera peut-être vendue… Mes angoisses sont multiples, avec une forêt de points d’interrogation. Tout ça, c’est trop. Trop pour moi et mes petits bras. La détresse m’étreint et je chiale à gros bouillons, seul dans ma chambre d’hosto, seul dans la vie. Seul, seul… Effrayant !
    
    Finalement, c’est ici que je suis le mieux, protégé dans cet environnement hospitalier. On s’occupe de moi, je ne me soucie de rien. C’est facile. Rester ici, c’est jouer le neuneu, à fond.
    
    C’est dans cet état que l’on vient me chercher pour passer un scanner. Passage sur chariot, couloirs, ascenseur, re-couloirs, et puis une machine effrayante. À ce moment-là, je me dis que je suis con de jouer les malades, que je devrais tout arrêter. J’ai une trouille bleue, je m’agite, on ...
    ... m’attache. J’ai envie de hurler. Y a qu’un mot qui sort de ma bouche :
    
    — Mireille… Mireille…
    
    Pas de Mireille, mais une seringue qui me perfore encore une fois la peau. Encore rideau.
    
    Mireille est là quand je me réveille. Je suis de nouveau dans ma chambre, sa silhouette se détache sur la lumière du couchant. Elle semble regarder par la fenêtre, le regard lointain elle aussi, mais contenant une tristesse infinie. Je ne vois pas ses traits, je constate juste qu’elle a une poitrine démente de profil. Elle entend le frottement des draps, elle se retourne vers moi et allume les veilleuses au-dessus du lit.
    
    — Alors, vous n’avez pas été sage à ce qu’on m’a dit. Du coup, sédatif… Les vilains garçons sont toujours punis. Et vilain, vous l’êtes. J’ai vos résultats : il n’y a rien. RIEN, martèle-t-elle. Vous nous jouez la comédie.
    
    J’ouvre de grands yeux, aussi étonnés que possible.
    
    — Allez, parlez-moi, j’vous en prie… j’vous en prie…
    
    Ses derniers mots se finissent dans des larmes, puis elle tourne le dos et s’enfuit. Comment voulez-vous que ça marche ? On envoie une cabossée de la vie en soigner un autre. Bientôt, on va se pleurer dans les bras l’un de l’autre. Remarque, pleurer dans les bras de Mireille, je veux bien. Mais elle est partie. Je n’ai plus qu’à l’attendre. Demain peut-être… Demain sûrement…
    
    Les deux commères reviennent, araignées du matin… Elles ont ordre de me lever. Je n’ai pas marché depuis… que je suis tombé. Mes jambes sont en coton, je manque ...
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