1. Aphasie


    Datte: 30/09/2021, Catégories: fh, fplusag, couple, médical, Collègues / Travail amour, pénétratio, fsodo, init, initiatiq, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... dans la maison. La bonne surprise vint des assurances-vie qu’ils avaient contractées, un double pactole impressionnant qui me mettait à la tête de ce que j’identifiais comme une fortune. Pour l’entreprise, ce serait plus compliqué et plus long. Il faudrait voir l’administrateur judiciaire, le cabinet comptable, un autre juge… Tout un cirque auquel je ne comprends rien. Je ne sais qu’une chose, mon avis est prépondérant pour la suite des événements.
    
    Pour moi, ce qui compte vraiment, c’est la préservation de l’entreprise et des employés. Car prendre la succession familiale me tient toujours à cœur, comme continuer à faire de magnifiques ouvrages avec un savoir-faire d’exception. Malgré les crises, notre niche de luxe ne se porte pas si mal, et il est certain qu’un coup de pouce informatique dans la création et Internet dans la commercialisation pourrait doper l’activité. Je réunis tout le monde à plusieurs reprises, tous les employés. Je n’ai rien à leur cacher, la plupart me connaissent depuis ma naissance. On finit par mettre au point une stratégie d’attente, qui permettra de conserver l’activité jusqu’à la fin de mes études, du moins nous l’espérons tous.
    
    J’ai une très bonne note au français du bac, dix-huit. Ça augure bien pour la suite. Les vacances arrivent, Mireille en a un mois. J’ai préparé la maison pour les grands travaux. On a déjà fait changer toutes les fenêtres pour des menuiseries isolantes, on n’entend même plus les rotatives tourner. La chaudière aussi ...
    ... a été changée. À la chaleur réelle, nous avons programmé d’ajouter la chaleur visuelle. Carrelages décapés, parquets poncés, Mireille et moi donnons du pinceau et de la colle. Elle repeint même certains meubles vieillots et sans valeur, leur donnant une seconde jeunesse. En trois semaines, le rez-de-chaussée est transformé, moderne, agréable et confortable. Et puis elle décide de nous emmener passer quelques jours à la mer, une parenthèse de rêve. Nous jouons dans l’eau comme des enfants, nous faisons de longues promenades dans les dunes, nous nous gavons de fruits de mer et de poisson, nous passons de longs moments à lire, assis dos contre dos, le même petit chapeau de paille sur la tête. Je m’enquiers, lors d’un repas, de la famille de Mireille. Ne veut-elle pas la voir et y passer un peu de temps ?
    
    — Oh, répond-elle, c’est une bien triste histoire également. Mon père était… comment dire… du même genre d’hommes que celui qui m’a fait souffrir. D’une exigence inouïe avec ma mère et avec moi, il menait double vie, triple peut-être. C’était le commercial dans toute sa splendeur, baratineur, hâbleur, parcourant toute la France et, comme les marins, une femme dans chaque port. J’étais ado quand ma mère est tombée en dépression, et il y avait de quoi. Grand seigneur, il nous a laissées tomber et il est parti avec une jeunette. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu et je ne veux plus le voir. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour aider ma mère, mais un jour en rentrant de la fac de ...
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