Aphasie
Datte: 30/09/2021,
Catégories:
fh,
fplusag,
couple,
médical,
Collègues / Travail
amour,
pénétratio,
fsodo,
init,
initiatiq,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... tremblant. Il me faut attendre jusqu’à dix-huit heures, j’étais prêt à seize. Mireille arrive dans ma chambre en tenue de travail et me conduit au secrétariat. Elle signe le bon de sortie et me laisse remplir un tas de paperasses avec la secrétaire. Elle réapparaît un instant plus tard, en tailleur bleu marine. C’était la première fois que je la vois « en civil ». Magnifique, quelle classe ! Elle m’entraîne ensuite au secrétariat général de l’hôpital, pour le bon de sortie définitif. Encore des papiers ! Enfin, au bout de quarante-cinq minutes, nous pouvons monter dans sa petite Clio. Une vraie voiture de femme, avec son discret parfum, un parapluie, un imperméable, une boîte de kleenex, des sacs de courses en papier, un petit bazar de femme. Elle conduit bizarrement, penchée sur le volant dont elle accompagne les mouvements avec le tronc, mais avec application en y mettant toute son attention. À un feu elle me dit :
— Je n’ai pas trouvé d’autre solution, ce soir je vous invite chez moi. Vous aimez la cuisine chinoise ?
— Je ne sais pas, je crois que je n’en ai jamais mangé…
— Alors ce sera une première. Et pour fêter votre sortie, j’ai même acheté une bouteille de champagne rosé. Comme ça, elle nous servira à l’apéritif comme au dîner.
— Si vous voulez. Je peux ouvrir la fenêtre ?
J’ai envie de respirer l’air du dehors, de sentir le vent sur mon visage. Au moins pour ce soir encore, je me sens bien, heureux près de la femme de mon cœur. Son appartement lui ...
... ressemble aussi : clair, propre, ordonné, soigné. Beaucoup de livres, ce qui me ravit, quelques plantes, des meubles sobres et fonctionnels.
Elle m’indique le canapé clic-clac où je dormirai puis va s’affairer en cuisine, me laissant me battre avec la bouteille de champagne. Bouteille secouée par le transport, évidemment j’en mets partout.
Les chips aux crevettes, les rouleaux de printemps, les beignets, tout me plaît, et surtout le riz cantonnais, un délice. Cette cuisine me change tellement de ce que j’ai absorbé pendant six semaines. Comme la cantine du lycée, mais midi et soir, sept jours sur sept. Elle me regarde dévorer avec contentement. Et puis je lui découvre un petit défaut. Après avoir débarrassé et servi le café, elle sort sur le balcon allumer une cigarette.
— Vous fumez ?
— J’avais arrêté, et j’ai repris ces derniers temps… Je sais, ce n’est pas bien, mais…
— Je peux essayer ?
— Vous ne devriez pas. Et je ne devrais pas vous dire oui. Mais aujourd’hui, que voulez-vous que je vous interdise. Et puis je suis un peu pompette et donc irresponsable !
— Ce n’est pas bien ça, pour une tutrice.
— Quoi ?
— Ben oui. Si j’ai pensé à quelqu’un en qui j’ai toute confiance, c’est bien à vous.
— Mais… Et vous ne me demandez même pas mon avis ?
— Si, en ce moment. Pour l’instant, le juge n’est pas encore au courant.
— Ah oui, c’est vrai. Vous imaginez la responsabilité que vous me collez sur le dos ?
— Allons docteur, vous m’avez soigné et vous avez promis de ne pas ...