Aphasie
Datte: 30/09/2021,
Catégories:
fh,
fplusag,
couple,
médical,
Collègues / Travail
amour,
pénétratio,
fsodo,
init,
initiatiq,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... était donc vraiment déplacée. Elle recadre. Gifle ou camouflet, venant d’elle je supporterai tout, chevaleresque jusqu’au bout.
— Eh bien, je… à vrai dire je ne sais pas trop. Ça va dépendre de ce qui m’attend dehors, et là, je n’en sais franchement rien. Je vais passer le français du bac, c’est sûr. J’ai pris quelques semaines de retard, mais j’ai tellement lu depuis tout gosse que ça devrait aller quand même. Pour le reste… Je pense que j’hérite de mes parents, la maison en principe, l’imprimerie peut-être, mais je ne sais pas.
— Avaient-ils des dettes ou un peu d’économies ?
— Je n’en sais rien. Tant qu’on en a assez pour vivre, l’argent n’est pas un sujet de conversation, surtout pour un enfant.
— C’est vrai. Et pareil pour les assurances, je suppose ?
— Pareil. De toutes façons, je ne peux pas faire grand-chose, je ne serai majeur que dans un an… D’ici là, je n’ai qu’à subir…
— Oui. Oh, ça ne fait pas tout, croyez-moi. Donc on va nommer un tuteur jusqu’à votre majorité. Vous avez de la famille proche ?
— Pas que je sache. Du côté de mon père, c’est sûr, je suis le dernier des Mohicans, celui sur qui il fondait tous ses espoirs de pérennité de l’entreprise. Du côté de ma mère, elle avait une cousine qui habite, je crois, dans l’est ou dans le nord. Je ne l’ai vue qu’une fois, c’était aux obsèques.
— Bon. Dans votre cas, il va donc falloir voir d’abord le notaire, pour la succession de vos parents. Comme vous êtes mineur, celui-ci se tournera vers le juge ...
... aux affaires familiales qui désignera un tuteur. Soit un tuteur parmi vos proches, mais là il y a peu de chance, soit quelqu’un qu’il connaît et en qui il a confiance, soit quelqu’un que vous pouvez lui suggérer. Vous pensez éventuellement à quelqu’un ?
— Oui.
— Ah, c’est très bien, ça. Ça devrait faciliter les choses. D’ici là, je vais programmer votre sortie. Et rassurez-vous, je ne vous laisserai pas tomber comme ça, « au revoir Monsieur, débrouillez-vous ». Non, ce que je vais faire, c’est programmer votre sortie pour samedi prochain. Comme ça, je pourrai vous accompagner tout le week-end, vous aider à tout remettre en ordre chez vous, faire les courses et tout et tout.
— Je ne pourrais pas sortir plutôt le vendredi soir ? C’est pas très drôle ici…
— Bien sûr, je comprends, mais… Votre maison ne sera pas prête… Le dîner… Bon euh… je vais me débrouiller. D’accord pour vendredi soir.
— Merci.
Elle me raccompagne jusqu’à la porte de ma chambre, c’est l’heure du dîner « industriel ». Elle s’éloigne rapidement sans même se retourner. Il faut que je m’habitue à être seul, à vivre seul. J’ai la boule au ventre. À la fois content de sortir de ce milieu pénible mais protégé, et anxieux de tout ce qui m’attend, des batailles que j’aurai à mener. Je me dis que la plus rude sera contre moi-même. Mais maintenant, j’ai un bon motif : je me battrai pour la dame de mes pensées, envers et contre tout, et même si elle ignore mon attachement.
Le vendredi arrive, j’en suis tout ...