Aphasie
Datte: 30/09/2021,
Catégories:
fh,
fplusag,
couple,
médical,
Collègues / Travail
amour,
pénétratio,
fsodo,
init,
initiatiq,
Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe
... plages, faire de la plongée, nous aimer au clair de lune, nous gaver de langoustes flambées au rhum local… J’y croyais dur comme fer. Au point qu’un jour, quand l’un de mes anciens professeurs m’a proposé de diriger le service psychiatrique d’un grand hôpital lyonnais, pour le remplacer, j’ai refusé comme une conne pour rester près de lui et être prête à partir… Son poste il l’a eu et il est parti… Avec sa femme et ses enfants, une femme qu’il n’a jamais eu l’intention de quitter. Et je me retrouve ici, toute seule dans mon petit service psy de banlieue… Le cœur en berne et le moral dans les chaussettes de m’être fait avoir comme une adolescente par un beau parleur, moi la psy… La conne oui !
J’écoute silencieusement, presque religieusement, sans dire un mot. Il fait complètement nuit maintenant. Je l’entends encore soupirer et puis plus rien. J’attends, interdit, encore au moins dix minutes, puis je me penche vers elle, rien qu’une respiration régulière du sommeil. Elle non plus n’avait pas dû dormir la nuit dernière, mais elle n’avait pas pu faire la sieste comme moi. Alors tout doucement je me coule près d’elle sur le lit, ma tête au creux de son bras replié derrière sa tête, l’entourant d’un de mes bras, une jambe délicatement posée sur la sienne. Mon sexe est contre sa hanche et je bande. Comment peut-on trahir une femme comme elle ? Je me rends bien compte que j’en suis amoureux, follement. Follement, car il est fou de penser que cet amour puisse aboutir. Elle a ...
... au moins dix ans de plus que moi, elle est installée, reconnue. Et moi je ne suis encore qu’un gamin, lycéen qui risquait de rater le bac, puceau, orphelin. Rien quoi… Mais j’ai tant lu sur les amours platoniques que je me sens suffisamment héroïque pour l’aimer de toutes mes forces sans rien attendre en retour. Oui, c’est cela, amoureux transi, ça convient très bien à ma situation. Je suis fait pour le désespoir et le malheur, c’est sûr. Mes pensées s’embrouillent un peu, je suis si bien contre elle, dans sa chaleur, respirant le même air, il faut que j’en profite, que j’en profite… Ce sera peut-être l’unique occasion…
Elle se secoue, se dégage de ma tendre emprise, je me suis aussi endormi.
— Merde ! Merde, merde, merde ! s’exclame-t-elle. Qu’est-ce que je fous là, à cette heure ? Jérôme, mets-toi sous les draps, tu vas prendre froid. Oh, je suis désolée, je me suis endormie. Excuse-moi, ce n’est pas professionnel du tout.
— Reste, j’étais si bien…
— Ah non, pas possible, ça. Rhoo ! Il est trois heures. Allez dors, je repasserai demain.
Dommage, mon rêve était trop beau.
Elle repasse le lendemain et m’emmène à la cafeteria, nous nous asseyons face à face, une table à l’écart. Deux gobelets de brouet infâme, elle a de quoi prendre des notes, ça redevient pro et public, histoire de mettre un peu de distance.
— Alors, maintenant que tout semble se remettre en place, que comptez-vous faire ?
Tiens, voilà qu’elle me vouvoie à nouveau. Cette soirée d’intimité ...