1. La Maison des Marguerites


    Datte: 30/07/2018, Catégories: fh, amour, préservati, sf, Auteur: Macapi, Source: Revebebe

    ... seul, parfois avec moi.
    
    Un soir, c’était en été 2012, il s’est approché de moi et m’a enlacée. Il s’est penché pour déposer un baiser dans mon cou et m’a dit que c’était dommage de gâcher ma jeunesse, lui-même ayant déjà gâché la sienne. Il n’avait pourtant que trente-cinq ans. J’ai vu la tristesse dans ses yeux toujours aussi expressifs. J’ai su que je l’aimais à cet instant précis. Il ne m’a jamais fait de déclaration d’amour. Simplement, ce soir-là, il a sorti un des préservatifs de la boîte et m’a fait l’amour tendrement. J’ai joui en silence, la bouche collée contre son épaule pour étouffer mes cris. Puis, il a ôté le préservatif et m’en a fait boire le contenu, afin qu’aucune substance nutritive ne se perde. J’ai dû pleurer toutes les larmes de mon corps et il m’a doucement bercée en me chantonnant une chanson d’avant.
    
    C’est étonnant comme il y a toujours un avant et un après. Avant, j’étais seule, après j’ai trouvé Yvan. Nous avons vécu de très beaux moments, inoubliables, intenses. Nous vivions relativement heureux dans cet univers semi clos, avec le bétail au premier étage, la culture au deuxième étage, les autres personnes au troisième et au quatrième étage, et nous deux au numéro trente-quatre de la Maison des Marguerites.
    
    Un jour, il a commencé à tousser, de plus en plus au fil des jours. Le conseil principal ...
    ... est venu me voir. Je savais pourquoi. Yvan est parti au petit matin du 25 janvier 2016. Il faisait froid dehors. Il est sorti avec son manteau et son sac rempli de provisions. J’aurais voulu partir avec lui, mais il a refusé d’un regard dur et triste. Notre histoire avait duré quatre longues années, un peu hors du temps, au rythme lent des saisons. Je n’aurais pas voulu vivre autrement.
    
    Un an après le départ d’Yvan, je suis seule dans cet appartement, avec un sens de l’humour inébranlable, malgré les quelques larmes qui coulent sur mes joues. Je garde encore la boîte de préservatifs à côté de mon lit. Je garde le dernier, passé de date depuis longtemps, au cas où il reviendrait.
    
    J’ai presque trente ans. La vie semble un peu meilleure aujourd’hui qu’il y a cinq ou six ans. Cet été, il n’y a pas eu de gel. C’est un signe d’espoir pour tout le monde. Même les Sunistes semblent optimistes. Il ne reste qu’à attendre jusqu’au printemps prochain pour voir le renouveau dans tout le pays. Il y a déjà un signe prometteur de changement dans le ventre de Cynthia et je crois qu’on va la laisser avoir son enfant si elle le désire, du moment que cela ne nuit à personne. Un bébé qui pleure, qui grandit, avec des yeux émerveillés et un rire innocent. Aurais-je un jour, moi, Julie de la Maison des Marguerites, l’occasion de vivre pareil bonheur ? 
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