Prélude - Première partie
Datte: 29/01/2018,
Catégories:
amour,
mélo,
amourpass,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
... plus.
J’avance, même si j’ai l’impression de reculer. Ma tête est lourde, mais pas autant que mes pensées, collées et embourbées comme du chewing-gum. Tu me parles, je réponds, qu’est-ce que je dis au juste ? De quoi entretenir une conversation minimale, je ne suis pas vraiment sûre. Nous entretenons le contact social, le besoin de communication, tout ça sans y penser, sans en avoir l’air. Parler, écouter, se taire, c’est le principe même de toute relation avec autrui.
Que dis-tu, pourquoi ? J’ai envie de pleurer. Je t’en veux, je te hais. Tes paroles de la veille me brûlent les paupières et me lancent comme une vieille douleur longtemps oubliée. Ainsi, tu es revenu en France. Sans me le dire, bien entendu… La nuit a été difficile, et la journée davantage encore ; mais ce n’est pas le pire, je crois.
Le pire, ce n’est qu’un mot, ou qu’un maux : je t’en veux de me faire croire que je peux encore valoir quelque chose à tes yeux… pourquoi m’avoir invitée à venir, pourquoi m’avoir encouragée quand j’ai réfléchi à la question, pourquoi ne pas m’avoir crié « Reste chez toi, ne viens pas, je n’ai pas besoin de toi ! ». Allons Mickey Mouse, nous savons tous les deux ce qu’est la vie, je n’en suis pas dupe. La vie avec toi, la vie sans toi, quelle importance désormais ?
Pourquoi entretenir ce semblant d’amitié, ce simulacre grossier et grotesque ? Tu m’as baisée et tu m’as brisée, et nous le savons aussi bien l’un que l’autre. Ça flotte et ça s’enroule autour de nous, ...
... ce que l’on sait, ce que l’on pense et ce que l’on ne dit pas. Cher fantôme, comment continuer à mentir et à me taire encore une fois ?
Un, deux et trois, je recule de trois pas ; trois ans, c’est si longuement et si lentement passé…
Nous sommes dans un bar très sympa, que tu ne connaissais pas. Des banquettes, agrémentées de merveilleux coussins multicolores et moelleux, s’offrent à nos yeux ; il y a de la musique sirupeuse, il y a la caresse de ta voix, le vert de tes yeux. Tout ça semble si extraordinaire, si irréel… je veux dire, être là sans y être vraiment ; être avec quelqu’un sans sentir spirituellement sa présence.
Tu n’as pas de corps et pas d’esprit, tu es une drôle de chose posée à côté de moi sur le canapé, qui parle et observe. Je voudrais croire que tu es indubitablement assis là tout près, que tes pensées ne se noient pas dans une nostalgie qui me prendrait singulièrement à la gorge.
Je suis franche, et surtout affranchie de tout passé possiblement vécu avec toi ; tu sembles t’en étonner.
« Trois ans déjà », prononces-tu après un long silence, d’une voix à peine audible. Comme si tu n’y croyais pas vraiment, toi non plus. Trois ans déjà. Trois ans seulement, peut-être. J’ai l’impression d’avoir vécu dix ans. Tu veux certainement dire :« Comment ça peut être possible tout ça, toi ici à côté de moi dans ma ville, et surtout moiau même endroit ? », ce qui est le plus étrange je crois.
Moi aussi j’en suis toute retournée, je peux te le certifier ...