1. Prélude - Première partie


    Datte: 29/01/2018, Catégories: amour, mélo, amourpass, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... beau connaître une personne depuis longtemps, avoir exploré les nombreuses facettes de sa personnalité, il y a toujours un angle qu’on n’a pas su exploiter.
    
    Et c’est comme ça qu’un beau matin, ce n’est plus son mari qu’on a devant les yeux, mais un étranger au pouvoir curieux ; celui d’être omniprésent.
    
    Dans le moindre recoin de notre esprit, de notre corps. Détectable de la salle de bain jusqu’au lit, en passant par la cuisine et les toilettes ; aussi bien présent dans nos pensées que dans nos chairs : le comble !
    
    Mais ce n’est évidemment pas le cas aujourd’hui : tu es un étranger dans tous les sens du terme. Je ne te connais pas, je ne te connais plus ; et d’ailleurs, à bien y réfléchir, t’ai-je jamais réellement connu ?
    
    Tu vas bien ? est une simple question, qui appelle pourtant toute une gamme de réponses et d’émotions inhérentes à cela, plus intenses les unes que les autres. J’ai envie de répondre « oui » mais je peux tout aussi bien dire « non ». À vrai dire, je crois qu’aucune des deux n’est satisfaisante.
    
    Je me sens entre les deux, tel un chaînon manquant entre le oui et le non, une étape singulière, un intermédiaire difficile à définir. Ce n’est pas « peut-être » mais un sentiment étrange oscillant entre le positif et le négatif ; une photo pas tout à fait en couleurs, pas tout à fait en noir et blanc non plus.
    
    C’est tout moi, ça. Déborder de bons sentiments jusqu’à l’asphyxie, puis retomber dans la malveillance au plus bas degré de l’échelle des ...
    ... possibilités, pour finalement me retrouver debout et chancelante ; me sentant aussi diminuée qu’une tranche de rosbif passée à la poêle ; je suis le moyen terme si vous voulez ; l’excessivité ne me convient pas, je ne peux décemment pas adhérer à telle ou telle extrémité. Vivre une vie moyenne ne me dérange plus. Le niveau moyen, ou le point du milieu, si vous préférez, c’est juste une habitude. Une vie moyenne, au milieu d’un espace infini d’ouvertures et d’intensités, ça peut sembler injuste.
    
    Mais on n’a pas le choix. On est le tout et le moins ou on n’est pas. On accepte ou on rejette.
    
    On vit ou on ne vit pas.
    
    Et sur cette note discordante, la soirée a filé en silence comme une balle de revolver, suivie d’une nuit agitée, d’un réveil exécrable, et d’une première partie de journée solitaire et irréelle.
    
    Tout est si particulier, autour de moi. Je reconnais des choses, des sons, des odeurs, et pourtant, tout est différent. Tout semble à peu près pareil, mais quelque part, un caractère distinct s’est glissé, une bactérie parmi les cellules saines. Même le parfum de ce pays est différent. Ça pue, ça transpire la richesse jusqu’à l’écœurement ; et surtout, ce qui saute aux yeux, c’est le décalage entre cette richesse et l’étalage insupportable de la pauvreté.
    
    Mon premier jour se déroule comme un rêve. Je regrette d’être arrivée hier soir, et non aujourd’hui, dans la matinée. J’ai passé près de vingt heures avec un étranger – et une étrangère. Je ne me reconnais ...
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