Le jour de la Saint-Enselme
Datte: 05/07/2018,
Catégories:
fffh,
exercice,
historique,
pastiche,
délire,
Humour
historiqu,
contes,
Auteur: User UnKnown, Source: Revebebe
... s’était imaginé les villes mises à sac, les toits de chaume s’embrasant, les cris des femmes que l’on forçait, les ruisseaux de sang coulant sur le pavé.
— Oui, euh, c’est-à-dire… la famine emporta bon nombre de mes compagnons l’hiver dernier, et le gros temps fit chavirer quelques drakkars. Nous partîmes cinq cents, mais comme il y eut des morts, nous ne nous vîmes que sept en arrivant au port.
— Sept ! s’exclama naïvement Lison.
— Heureusement, vous n’aviez qu’une centaine d’hommes pour défendre votre village. Sous l’égide de notre chef Olafsson le Lubrique, nous n’eûmes aucun mal à les défaire. Et ainsi, me voilà.
Le silence qui s’ensuivit ne fut troublé que par la flatulence d’un goéland qui croisait au large, tandis que les deux parties tentaient de faire bonne figure dans ces instants de gêne où l’on ne sait si la tradition doit l’emporter sur la bienséance.
— Soit, Sven le Viking ! répondit Annette avec arrogance. Le sort de la bataille vous mène ci-là en conquérant. En frêles pucelles que nous sommes, nous nous soumettons à votre joug, les hommes de notre village ayant failli à nous protéger. Vous pouvez prendre notre vertu s’il vous sied, mais point notre honneur !
Dans le feu de sa tirade, la noiraude s’était redressée, toisant le Viking qui la dominait d’une bonne tête, gonflant sa poitrine d’une bravade sans doute exagérée. Ilse lui adressa un regard courroucé, ne quérant pas que son droit d’aînesse fut ainsi outrepassé.
— Gentille sœur, ta ...
... bravoure t’honore. Cependant, je serais une bien mauvaise aînée si je te laissais ainsi subir les affres des châtiments maléfiques dont ces cruels Vikings sont capables. Guerrier, ajouta-t-elle en se plaçant entre Sven et Annette, je suis toute à toi. Je ne regimberai point à mon office, mais par la Sainte Marie-Madeleine, épargne mes deux jeunes sœurs des tourments dont tu m’assailliras !
Entre la belle et le pillard, il ne restait plus guère que l’espace d’un avant-bras. Ce fut suffisant pour que Lison, ne désirant point être en reste, s’y interpose, le verbe furieux.
— Douce Ilse, tu n’as point à te sacrifier pour moi ! Bien que cadette, je suis tout aussi femme que vous deux, et bien qu’il m’en coûte de me soumettre moi aussi à des traitements dont la seule pensée me fait défaillir (ici, le ton de sa voix parut démentir ses propos), je demande à être déshonorée la première.
Interloqué, Sven toisa ce petit bout de femme, dont le laçage de la cotte touchait presque le torse du guerrier, aux cheveux blonds soulevés par la houle d’une légitime colère. Il hésita, ne sachant sur qui jeter son dévolu.
— J’ai dit ! trancha Ilse. Étant de nous trois la plus âgée, ma décision est sans appel.
Et, joignant le geste à la parole, elle alla prestement s’étendre sur le large matelas de son sis dans un coin de la pièce commune. Elle se redressa sur un coude et remonta sa jupe jusqu’à mi-jambe, dans une posture de défi. Sven se désintéressa dès lors des deux autres et, posant sa ...