Le jour de la Saint-Enselme
Datte: 05/07/2018,
Catégories:
fffh,
exercice,
historique,
pastiche,
délire,
Humour
historiqu,
contes,
Auteur: User UnKnown, Source: Revebebe
... elles n’étaient séparées que par les étoffes légères de leur habits du dimanche, elles déployaient des efforts surhumains pour se composer une expression acceptable de frayeur.
La cadette, que l’on appelait Lison, triturait nerveusement ses jupes en se dandinant. Eu égard à sa jeunesse, on l’avait mise les années précédentes en sûreté, en attendant qu’elle puisse à son tour partager le fardeau collectif des femmes du village. C’était céans sa première Saint-Enselme, et cette perspective faisait battre la chamade à son petit cœur, lové sous un corset ajusté au plus près, et briller ses grands yeux couleur d’azur.
Annette, la seconde, était aussi brune de peau et de poil que Lison était claire, sa naissance s’étant déroulée l’année suivant le passage d’une caravane mauresque dans le bourg normand. Ses œillades savaient mieux que quiconque embraser le cœur des nombreux soupirants qui se pâmaient, jour après nuit, à la vue de son accorte silhouette, charnue où il le fallait et en quantités suffisantes. Sous le prétexte de ne point gâter sa tenue, elle avait coutume de traverser la grand-rue boueuse en soulevant bien haut l’ourlet de son jupon, laissant entrevoir le galbe fuselé d’un mollet appétissant.
Ilse, l’aînée, était une grande et forte normande, au poitrail fier et arrogant dont le frémissement en cette belle matinée de printemps ne pouvait être causé par la fraîcheur de l’air. Rousses étaient ses boucles cascadant sur ses blanches épaules, ferme sa croupe de ...
... paysanne rompue aux travaux des champs et aux amourettes sur les bottes de foin.
Le bruit de la bataille cessa, les oiseaux eux-mêmes retinrent leur souffle. Bientôt par cet huis surgirait l’insatiable marée nordique, des hommes qui après une longue traversée à des centaines de lieues de leur foyer n’aspiraient qu’au légitime butin de leur expédition. Dignement, un peu trop peut-être, les pastourelles relevèrent la tête. Telle était la tradition : les vaincus, malgré tout leur cœur, devaient tendre aux vainqueurs leurs culs.
La forte carrure d’un Viking apparut dans l’embrasure. Fier, conquérant, arborant une hache immaculée dont il n’avait apparemment point eu besoin d’user, il s’adressa à la cantonade d’une voix forte, teintée de l’accent rauque de ses contrées natales.
— Je me nomme Sven, et cette maison ainsi que ce qu’elle contient sont soumis à mon bon vouloir !
Ses cheveux étaient longs, blonds comme les blés, collés à son torse nu par une fine pellicule de sueur. Il était bâti tout en force, les muscles découplés, le poitrail imberbe à peine gâté par la cicatrice d’une griffure d’ours. Les pucelles eurent un bref mouvement de recul, en voyant comment l’étranger était ainsi attifé, avant qu’Annette ne s’enquière, avec une moue mi-déçue, mi-soulagée :
— Vous êtes tout seul ?
Cette question parut désarçonner quelques instants le fier guerrier. Pendant que son drakkar fendait les eaux glacées, sous les rugissements du vent qui soufflait en tempête, il ...