1. Le jour de la Saint-Enselme


    Datte: 05/07/2018, Catégories: fffh, exercice, historique, pastiche, délire, Humour historiqu, contes, Auteur: User UnKnown, Source: Revebebe

    ... voguer vers de nouveaux horizons qui ne seront point illuminés par les rayons d’or de votre chevelure.
    
    Bien que gâtée par la vision de Sven renouant ses braies devant Annette débraillée, la glose du Viking émut Lison jusqu’aux larmes, faisant chavirer le cœur que la pucelle avait fort sensible.
    
    — Vous n’allez tout de même pas partir sans votre butin ! s’exclama Ilse, qui comme on le vit, alliait un corps bien fait à une tête bien remplie. Tenez, nous vous l’avions préparé.
    
    Elle tendit au Viking une bourse de monnaie sonnante et trébuchante, qu’il commença tout d’abord par refuser.
    
    — Pensez donc ! insista Ilse. Vous avez accompli long et périlleux voyage pour nous rendre visite.
    — J’ai été fort bien dédommagé de ma peine, peu m’importe l’or.
    — Grand sot, prenez, vous dis-je ! Ce sont les pécunes que Père destine à notre dot, et nous ne sommes point pressées de prendre époux !
    
    Ce à quoi Sven répondit par un grand rire, qui fut repris en chœur par Ilse et Annette, les yeux pétillants de joie. Le visage de Lison commença enfin à s’éclairer, et elle se mit à rire à son tour, un rire de ces rires pleins de gaieté qui fait tinter les cœurs, qui fait sourire les âmes, qui illumine la vie.
    
    — Vous oubliez votre meilleure part, beau Viking !
    — Vous m’obligeriez… bredouilla Sven, fort ...
    ... ému à son tour.
    — Qu’attendez-vous pour me jeter sur votre épaule et m’emmener jusqu’à votre drakkar ?
    
    Sven resta tout d’abord interloqué, pensant en son for intérieur ne plus jamais avoir l’heur de revoir sa belle, la seule pour qui il eut réellement éprouvé du désir, la seule qu’il n’eut pas entreprise, par la force des choses.
    
    Les deux sœurs la morigénèrent tout d’abord.
    
    — En es-tu sûre ? Veux-tu vraiment partir ?
    — N’ayez crainte, je serai heureuse !
    
    Il y eut des larmes, des rires, des embrassades. Les deux sœurs qui restaient serrèrent Sven contre leur corps, un peu plus longuement que de raison, et bien trop longuement pour un homme qui vient de forcer deux des filles de la maison, en enlever une troisième et rapiner les richesses du logis.
    
    — Vous repartirez avec des bourses bien garnies et de quoi regarnir vos bourses ! plaisanta Annette, non sans émotion.
    
    Ainsi fut fait. Lison trouva place tel un baluchon sur l’épaule de son aimé, adressant de grands signes d’adieu à ses sœurs, restées sur le seuil, qui agitaient leurs mouchoirs de fine batiste.
    
    Dans tout le village, sur le pas des portes, les femmes en tenue légère, fort peu incommodées, saluaient leurs amants d’un jour en criant à tue-tête dans l’air pur de cette belle matinée printanière :
    
    — À l’année prochaine ! 
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