1. Le jour de la Saint-Enselme


    Datte: 05/07/2018, Catégories: fffh, exercice, historique, pastiche, délire, Humour historiqu, contes, Auteur: User UnKnown, Source: Revebebe

    ... hache à double tranchant contre le mur, il se dirigea d’un pas leste vers le lit. D’un geste vif, il délaça le corset d’Ilse, découvrant deux tétons de fort belle taille, d’un blanc laiteux piqueté de taches de rousseur, qui s’agitaient sous les halètements prénuptiaux de la jouvencelle. D’un autre, il retroussa son jupon, écartant la main qui protégeait symboliquement l’endroit qu’une feuille de vigne eût dû cacher, et se mit ensuite à son ouvrage.
    
    Ilse était une créature solide et raisonnable, dont l’esprit n’était point souvent incommodé par la vision des choses de la vie, contrairement à ce que l’on trouve d’usage chez les personnes de son sexe. Elle avait vécu maintes festivités où, sous prétexte d’honorer un des saints du calendrier, les villageois, troublés par leurs libations, se livraient à des excès que le curé devait réprouver le dimanche en prêche. Pléthore de fois lui avait-on conté fleurette à l’ombre d’un pommier, fut-il bourgeonnant, en fleurs ou en fruits.
    
    Ces errements n’étaient que douce brise comparés à la tempête qui s’abattit sur elle. Tout soudainement, elle se fit l’effet d’une embarcation soumise au bon vouloir des flots. La première lame l’arracha au rivage avec une puissance inouïe, son cœur manquant de chavirer sous la force de l’assaut. Comme elle le put, elle se cramponna au bastingage, laissant la mer en furie déferler sur elle, la faisant tourbillonner comme un vulgaire fétu de paille.
    
    Le navire, solidement bâti et rompu à la mer, ...
    ... tenait bon, mais était ingouvernable, laissé entre les mains d’une puissance supérieure qui décidait se son sort. Ses cales prirent l’eau, ne pouvant rester sèches bien longtemps dans pareil maelström.
    
    Tout l’art de la navigation d’Ilse ne lui fut d’aucune utilité pour s’orienter : la barre, devenue folle, dictait sa propre conduite. Le corps de la jouvencelle était soulevé par la houle au rythme d’une marée démente dont le fracas couvrait les cris.
    
    Non loin, par pudeur, Annette et Lison s’étaient retournées à demi, les mains sur les yeux, prenant soin de ménager un espace suffisant entre deux doigts pour ne perdre miette du spectacle, se rongeant les poings de ne pouvoir assister au grain que depuis la falaise au loin, et non voguant sur les flots impétueux.
    
    Jamais gros temps n’avait paru si délicieusement long à Ilse. Quant il lui semblait que la mer allait mollir, ce n’était que prélude à des vagues plus hautes encore, suivies de creux à lui couper le souffle. Ballottée en tous sens par son tyran d’eau, elle perdit de vue le rivage, le regard rivé dans la mer d’un bleu profond qui lui causait de si fougueux tourments.
    
    Son bateau à la dérive connut mille péripéties encore ; des vagues colossales l’engloutirent en entier, laissant en se retirant leur goût de sel ; des courants chauds léchèrent sa coque ; des rafales de vent firent gémir son gréement, fouettèrent sèchement ses voiles, en dégrafèrent la plupart. Enfin, dans un ultime effort, tous les éléments s’unirent ...
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