1. La Belle Espagnole


    Datte: 11/06/2018, Catégories: inconnu, train, amour, revede, confession, nostalgie, Auteur: PapaTangoCharlie, Source: Revebebe

    ... je pus enfin descendre du train, me frayant difficilement un passage dans le flot des voyageurs, la belle était déjà une bonne dizaine de mètres devant moi et marchait à pas aussi pressés que la veille.« Dépêche-toi !me dis-je.Il faut que tu lui parles aujourd’hui. »
    
    Je tentai de remonter le flot compact de cette marée humaine, sans savoir encore exactement de quelle manière j’allais aborder mon Espagnole. Fendant la foule, je marchais du plus vite que je pouvais quand tout à coup je ne la vis plus. Brusquement éperdu, je la cherchai frénétiquement du regard tout autour de moi, mais rien : elle avait bel et bien disparu ! Je m’étais alors immobilisé au milieu de l’immense salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, l’air totalement ahuri de celui qui se demande encore ce qui vient de lui arriver. Je m’en voulus de ne pas l’avoir suivie de plus près. Intérieurement, je me traitai de stupide idiot, d’abruti…« Comment ai-je pu la laisser échapper ? »
    
    Finalement résigné, je me dirigeai vers mon métro sans empressement, la tête basse, l’air maussade, dans un terrible état de consternation. Jamais une journée de travail ne me parut aussi longue, aussi interminable. Je n’avais vraiment pas la tête au boulot et mes pensées revenaient sans cesse à elle. Tour à tour je revoyais ses beaux yeux, ses long cheveux noirs, ses belles jambes, comme des images obsédantes profondément incrustées en moi. Ce jour-là je ne fus pas très productif pour mes patrons.« Demain… demain je ...
    ... me rattraperai !me dis-je, bien résolu à ne pas manquer mon coup cette fois.Et assez de stupides hésitations : demain, je l’aborderai tout de suite ! »
    
    Le lendemain matin, à l’heure habituelle, je me trouvais donc sur le quai de la gare à attendre mon train. Je m’étais placé exactement à l’endroit où s’arrêterait la voiture où elle avait l’habitude de se trouver, mais ce jour-là, les choses furent différentes : lorsque je montai dans le wagon, je ne la vis point. Hagard, je jetai plusieurs regards circulaires autour de moi… mais rien ! Je dus tristement me rendre à l’évidence : ma Belle Espagnole n’était pas là.
    
    « Que s’est-il passé ? » me demandai-je. Je me posais mille questions sur son absence.« Peut-être a-t-elle tout simplement changé d’horaire, ou peut-être est-elle tout bêtement en retard, ou encore est-elle indisposée, ou même peut-être a-t-elle changé de wagon, ou je ne sais trop quoi… » Il ne me restait plus qu’à espérer la revoir le lendemain, mais ce coup du sort avait ébranlé mon optimisme et je me mis à sérieusement douter.
    
    Le lendemain, je ne la vis pas non plus, pas plus que les jours suivants… À mon plus grand désespoir, je ne la revis plus jamais, et son absence laissa un immense vide en moi. La Belle Espagnole avait disparu aussi vite qu’elle m’était apparue. Elle fut comme un mirage qui illumina ma vie l’espace d’un éclair. Elle fut comme un beau rêve que je crus avoir vécu éveillé pour un instant, comme un rayon de soleil dans mon triste ...
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