1. La Belle Espagnole


    Datte: 11/06/2018, Catégories: inconnu, train, amour, revede, confession, nostalgie, Auteur: PapaTangoCharlie, Source: Revebebe

    ... encourageant, imaginant que mon charme naturel avait opéré et que la belle était sur le point d’y succomber.
    
    Sans me vanter, j’étais plutôt bel homme à l’époque : mes vingt-cinq ans, ma haute et svelte silhouette, mon allure sportive, tout cela m’attirait souvent le regard des femmes. Mais que n’en ai-je profité ! Ma terrible timidité, qui m’a toujours énormément handicapé, ne faisait pas de moi un collectionner de conquêtes, bien au contraire. À cette époque, je n’avais connu que deux femmes : la première ne fut qu’une relation prude et sans lendemain ; la seconde compta un peu plus pour moi puisque c’est à elle que je cédai mon pucelage, mais notre relation tourna court avant même que je pusse consolider mon expérience sexuelle.
    
    Au moment où commençait cette histoire je me trouvais donc dans une sorte de vacuité sentimentale, ce qui pouvait par ailleurs expliquer mes élucubrations érotiques à la simple vue de jolis genoux. Alors, pas question de laisser passer une occasion de rencontre ; je décidai donc de l’aborder au plus tôt… Mais comment faire… et surtout quoi lui dire ? Il ne se passait jamais rien dans ces trains de banlieue, à part les retards, bien sûr. Mais aujourd’hui, aucun retard annoncé qui eût pu constituer un sujet propre à engager la conversation. Je ne voyais donc aucune issue à mon dilemme. Je pensai tout à coup que son livre pourrait peut-être être un prétexte. Je fis donc un effort pour tenter de décrypter la couverture qui m’était en partie ...
    ... cachée par sa jolie main et je parvins à lire « Wharton ».« Wharton, voyons…me dis-je en réfléchissant…Ah oui, Edith Wharton. Je crois que c’est une auteure américaine… » Mais je n’en savais guère plus sur le sujet et je regrettais déjà de ne pas m’être intéressé plus tôt à la littérature américaine.« Quel idiot !… Tant pis. »
    
    Je ne voyais donc pas de solution et décidai d’attendre l’arrivée à Saint-Lazare ;« Ce sera plus facile, je l’aborderai sur le quai et je lui proposerai de prendre un café… » Puis, réflexion faite, je me dis« Non, c’est stupide ; je ne vais pas lui proposer un café de but en blanc. Il faut que je trouve un prétexte. Loin de moi l’idée d’user de tous les clichés sexistes du genre « Vous êtes charmante » ou « Vous êtes bien jolie, Mademoiselle… » Et si elle était mariée ? » Je jetai alors un furtif coup d’œil à sa main gauche et constatai, non sans une certaine satisfaction, qu’elle ne portait pas d’alliance. Puis je me dis que tout cela était idiot : à cette époque déjà, l’absence d’alliance ne prouvait rien, en tout cas certainement pas qu’une femme était libre et ouverte à l’aventure !
    
    Mais voilà que ma Belle Espagnole se levait déjà. Plongé dans mes pensées, je n’avais pas réalisé que le train était déjà arrivé à Saint-Lazare et que les voyageurs commençaient déjà à descendre. Je me levai donc à mon tour, un peu hébété mais désireux d’emboîter le pas à la belle au plus vite. Mais celle-ci s’était montrée bien plus rapide que moi, si bien que lorsque ...
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