1. La Belle Espagnole


    Datte: 11/06/2018, Catégories: inconnu, train, amour, revede, confession, nostalgie, Auteur: PapaTangoCharlie, Source: Revebebe

    Souvenez-vous ; vous avez certainement rencontré un jour, par hasard, cette femme si belle, si gracieuse et si radieuse que son image ne vous a plus jamais quitté. Longtemps après, cette « Belle Espagnole » a continué de hanter vos rêves, d’attiser vos fantasmes les plus fous et vos désirs les plus secrets. Vous l’avez maintes fois imaginée dans vos bras, mutine et coquine ; parfois, nue sur votre lit, elle s’offrait à vous sans retenue comme une amante éperdue. Peut-être même qu’une nuit de solitude, dans un songe interdit, vous l’avez violée. Mais avec le temps, l’image de cette « Belle Espagnole » s’est peu à peu estompée dans les brumes de vos souvenirs, alors vous l’avez sublimée, presque déifiée, au point d’en faire votre idéal féminin. Mais cette femme trop parfaite, cette Vénus inaccessible, peut-elle réellement exister ailleurs que dans votre imagination ?
    
    Ma « Belle Espagnole », je l’ai rencontrée il y a bien longtemps dans un banal train de banlieue. Je revois encore quelquefois aujourd’hui son doux visage remontant du fin fond de mes souvenirs. Cette histoire est-elle autobiographique, ou n’est-elle que pure fiction ? Je dirais ni l’un, ni l’autre, et un peu des deux.
    
    Ce matin-là, ce fut la panne de réveil. Le genre de chose qui arrive à tout le monde un jour ou l’autre, mais quand ça vous arrive, c’est évidemment toujours au plus mauvais moment. Du coup, c’est à peine si j’eus le temps d’avaler ma tasse de café avant de quitter précipitamment mon petit ...
    ... appartement de banlieue. À l’époque, j’habitais dans une ville de l’ouest parisien et bien sûr, comme tout le monde, je travaillais dans la capitale.
    
    Il n’était pas question de manquer mon train ce matin-là car je devais voir mon patron à la première heure ; le genre de réunion à laquelle il eût été très malvenu d’arriver en retard. C’est donc à marche forcée, presque en courant, que je filai à la gare. Lorsque j’y arrivai enfin, essoufflé et en sueur, mon train était déjà à quai. Je me précipitai dans les escaliers, me ruai sur le quai et fonçai dans la première voiture. Le train démarra aussitôt…« Ouf. Je l’ai eu ! »
    
    Dans les trains de banlieue, on a tous nos habitudes. Non seulement on monte toujours dans la même voiture, mais souvent aussi on s’installe à la même place. Moi, j’avais pour habitude de prendre la première voiture afin d’être au plus près à l’arrivée à Saint-Lazare. Mais ce jour-là, dans la panique, je n’avais pas eu le choix, et d’ailleurs je ne savais même pas dans quelle voiture j’étais monté. Après avoir repris mon souffle, je jetai un regard circulaire autour de moi à la recherche d’une hypothétique place assise. Bien que la voiture fût déjà très chargée en cette heure matinale, il y restait encore deux ou trois places libres. Je pris donc l’une d’elles, située côté couloir et m’installai en bout de banquette. À l’époque, il n’y avait pas de sièges individuels dans les rames de banlieue de la SNCF ; les voitures n’étaient équipées que de simples ...
«1234...8»