1. Je suis venue au rendez-vous...


    Datte: 19/08/2021, Catégories: fh, jeunes, volupté, Humour ecriv_f, Auteur: Elsa, Source: Revebebe

    ... accepté, mais commençait à trouver le temps long et les amis « géants » peu loquaces avec lui. Je lui répondis des mots en vrac, que je savais sur le coup absurdes et incompréhensibles et dont je ne me souviens plus du tout aujourd’hui. Mais ce devait être finalement charmant, car il me sourit et me dit qu’il n’espérait pas voir une jeune fille aussi mignonne et drôle dans cette soirée prétentieuse. Je ne vois pas ce que j’ai pu dire de drôle cette nuit-là, mais peut-être que ma gêne dégageait quelque chose de sympathique. Quoi qu’il en soit, l’attirance qu’il avait pour moi et qu’il montrait sans retenue me donna du courage et me fit oublier mes répliques à la Beckett. Puis il me raconta rapidement sa vie, comme on le fait lorsqu’on veut embrasser une personne et qu’on ne sait pas quoi raconter en attendant le moment où l’on se décide.
    
    Il habitait à Paris et donnait des cours d’anglais en tant que remplaçant dans un lycée. Il me dit qu’il avait beaucoup voyagé ces trois dernières années, car ses parents avaient divorcé et sa mère était partie en Cornouailles vivre avec son nouveau mari qui gérait une industrie dans le papier. Il l’avait suivie et vécu six mois là-bas, étudiant à la faculté de Exeter. Cependant, son beau-père et lui ne se supportaient pas et suite à de nombreuses crises, il avait décidé de partir et de laisser les deux tourtereaux barboter dans leur orgie de bonheur en papier. Il s’installa ensuite à Bristol - peut-être en hommage à son beau-papa le « ...
    ... roi du carton » - où il travailla quelques mois, car l’argent qu’il recevait de son père ne lui permettait pas de payer le voyage jusqu’à Édimbourg où il avait postulé pour donner des cours de français dans une école de commerce. Il louait une chambre dans un quartier étudiant près d’un parc immense et passait les plus beaux moments de sa vie. Cependant, les pubs et la pluie, qui selon lui était d’une beauté exquise en Écosse, n’arrivèrent pas à lui supprimer le mal du pays et il revient au bout de deux ans vivre chez son père. Ce dernier avait, lui, le mal de son enfant. Il résidait donc à Paris depuis, et il m’avoua trouver la pluie très jolie ici aussi.
    
    Je me mis à « autobiographier » à mon tour. Je n’avais cependant pas autant d’aventures à conter. Je lui dis, un peu gênée, que je n’avais jamais eu la chance de vivre de telles escapades. Il me répondit que ce n’était pas un tort et qu’il aurait préféré ne pas en vivre certaines. Je lui racontai que j’aimais souvent m’échapper et aller à Paris en bus, juste pour flâner et regarder les grandes façades haussmanniennes et les ponts. Je lui parlai de l’école de dessin et de natation que je suivais cette année et essayai, de manière très confuse, alcoolisée et ponctuée de rires de notre part, d’expliquer le lien existant entre ces deux disciplines. Et puis, je ne sais pourquoi, je lui racontai mon histoire avec Bertrand. Peut-être était-ce parce que je me sentais en confiance et je pouvais enfin raconter ce que je n’avais pu ...
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