1. Je suis venue au rendez-vous...


    Datte: 19/08/2021, Catégories: fh, jeunes, volupté, Humour ecriv_f, Auteur: Elsa, Source: Revebebe

    Je suis venue au rendez-vous…
    
    Je suis venue au rendez-vous. J’ai trois quarts d’heure d’avance. Le temps d’être sûre de savoir ce que je fais, le temps de le regretter… Je devrais faire demi-tour. Et si un ancien professeur du lycée, une connaissance de mes parents ou encore leur banquier, que sais-je, me voyaient là, les bras ballants, maquillée comme pour un mariage, à attendre dans une obscurité aussi morbide qu’un enterrement à Ornans… ? Je commence à avoir un peu froid. Des tas de petits frissons m’envahissent et je ressens un poids énorme dans le bas du ventre.
    
    C’est très agréable…
    
    Je reste. Je me moque du banquier. D’ailleurs, que viendrait-il faire à une heure pareille dans un endroit pareil ? Comme moi, certainement. Il ne serait pas fier de me croiser. Il baisserait les yeux et monterait aussi rapidement qu’un furet dans une petite voiture rouge dans laquelle un petit homme tout droit sorti du casting des sosies des Village People l’attendrait. Il paraît en effet que c’est ici le point de rencontre des gays coquins solitaires… Qu’est-ce que je fous là !… Je suis seule, du moins je pense, sur ce rebord de départementale et l’air frais du mois février ressuscite mon corps angoissé. Au loin, j’entends les murmures de la grande ville ; elle s’endort, doucement… Je marche le long de la route, je me retourne : derrière il y a de grands champs cultivés et des abris en bois faiblement éclairés par la lune. Je me dirige vers un gros caillou blanc qui fera ...
    ... parfaitement office de charmant banc taillé dans la pierre polie. Lorsque j’approche, une ombre sursaute. Je fais de même. L’ombre s’éloigne, puis se retourne et m’observe. Deux yeux d’agates brillent dans le noir et semblent me questionner. Je hausse les épaules. Moi-même, lui dis-je, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là… La réponse paraît lui convenir. Les yeux d’agates, espiègles, trottinent jusqu’à moi et se jettent sur mes genoux. Je caresse la fourrure du matou qui me remercie par de chaleureux ronronnements. Je regarde ma montre. Pas encore l’heure… Il m’a dit qu’il serait ponctuel.
    
    « Il », c’est un garçon que j’ai rencontré mardi à une fête chez Élodie. Je ne l’avais jamais vu auparavant. Il ne fait pas partie de la « bande », comme disent les jeunes dont je suis malheureusement membre. J’ai tout de suite été attirée par lui. J’avais de toute façon envie de « nouveauté ». Les autres commencent à m’ennuyer ; c’est toujours les mêmes phrases, les mêmes blagues, les mêmes débats idiots qui reviennent comme une rengaine. Je les connais par cœur. Je retourne toujours aux fêtes car ils sont, quoi qu’il en soit, mes seuls amis. Et je préfère occuper mes soirées avec eux que de rester cloîtrée dans ma chambre miteuse à lire des comics toute la nuit ou à fantasmer sur mon prof de natation.
    
    Lundi matin, Élodie et son adorable petit ami sorti tout droit d’une réunion syndicaliste d’étudiants aux cheveux longs m’ont croisée en ville et m’ont invitée à leur soirée bière, drague ...
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