1. Souvenirs de plumes


    Datte: 20/05/2018, Catégories: fplusag, profélève, école, exercice, nostalgie, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    ... troupe de joyeux satyres et ménades. Naissent ainsi ces vocables vibrants, farfadets follets, un instant composés, sans rime ni surtout raison et à la signification incertaine. Des assonances perverses et délicieuses me feront distinguer de moelleux nuages précurseurs d’orages comme des cunnilingus et j’ai toujours conçu la guêpière comme le féminin d’un guêpier où l’on brûle de fourrer sa main. Les mots, quand même ils s’appliquent à un effeuillage, je les souhaite accoutrés d’adjectifs chamarrés, d’adverbes prodigues et généreux ou s’évoquant dans les effluves d’une périphrase énigmatique. Il m’amuse d’en recombiner les atomes pour extraire de vulgairescouilles une envolée delucioles phosphorescentes ou d’ériger unPriape depapier. L’opération estindolore même sur un organeendolori.
    
    D’opportunes fautes d’orthographe dépouilleront l’auréole d’une sainte (nitouche) de son U pour ne lui laisser que des attributs qui la rendront tellement plus femme ou ajouteront un Q à mes couilles pour les enluminer d’une coquille qui ne sera pas d’imprimerie.
    
    Je me garde bien de couronner les mots d’identiques lauriers. Ils ne babillent pas tous avec semblable amabilité, ni ne tonnent avec le même panache et si je souffre les chuintements du slip mes déférences vont aux claquements de l’antique culotte toute de noble guipure façonnée, tandis que je suis sourd aux prétentions outrancières de l’innommable ficelle à couper la motte. À sacrifier aux sens, ils ne perdent que rarement ...
    ... leur charme, mais souvent leur décence. Je me dévoue aux cultes des anciens, lustrés de brillante patine et de préférence un brin ringards. Je crains si peu le ridicule que j’ai l’immense faiblesse de préférer un Priape obligeant visitant au cours d’un doux hymen les ombrages de Cythère d’une sublime nymphe, à une bite, fut-elle démesurée, défonçant la teuch d’une meuf.
    
    Et c’est un régal que de les voir enfin s’épauler l’un l’autre sous la plume, s’arc-bouter dans une tension commune à l’érection d’une phrase qui, sous le joug de la copule, lestement les accouple, les transformant de vocales insignifiants en exclamations gonflées d’ardeurs équivoques. Ces expressions que je caresse et lisse en effleurements langoureux, me grisant des parfums que j’y répands et qui trop souvent s’évanouiront avant la prochaine relecture, me laissent pantois et enfiévré.
    
    La phrase, je la vénère longue, lourde et tourmentée, rebondissante de surprises syntaxiques inusitées, la révère grasse et prospère comme les femmes de Rubens étalant leurs chairs heureuses et luxurieuses encadrées de mille putti joufflus. Je l’idolâtre empâtée, un rien pompeuse et emphatique comme les belles de Boucher exposant leur incarnat dans l’écrin de velours azurés ou nonchalante et lascive comme les déesses irréelles du Titien. Je la savoure de mille gemmes en son corps enchâssées portant en sautoir abondance de bijoux filigranés comme les héroïnes de Moreau, ou entrelaçant des volutes perverses, tentaculaire et ...