1. Souvenirs de plumes


    Datte: 20/05/2018, Catégories: fplusag, profélève, école, exercice, nostalgie, Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    Avertissements : D’une façon générale, j’évite au maximum de promouvoir dans mes textes des marques dites déposées. Il en est pourtant d’incontournables ainsi Éclair (pour les fermetures de ce nom) par exemple. Dans ce qui suit, on me pardonnera d’en citer plusieurs, mais pour la plupart liés à des gloires passées et aujourd’hui presque totalement oubliées (Baignol & Farjon, Sergent-Major, Pélikan).
    
    On notera aussi que ce texte publié dans la catégorie verte de Rêvebébé ne prétend pas distiller unérotisme torride. On évitera ainsi de se tromper de lecture pour lui reprocher à la fin de ne pas être ce qu’il n’ambitionne nullement.
    
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    Dans ce texte, je ne parlerai pas de l’écrit lui-même, mais de l’acte d’écrire et évoquerai en scène introductive Faust écorchant son bras avec un stylo à bille pour signer un contrat imprimé par une laser.
    
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    — Qui fut Jules Ferry ?
    
    La question claque sur notre petit peuple terrorisé à l’égal d’un coup de fouet au-dessus d’un essaim d’esclaves ! Enfin un copain téméraire d’oser répondre :
    
    — Moi, madame !
    
    Le regard sombre de l’institutrice s’arrête sur l’intrépide.
    
    — Oui, Maurice, que peux-tu me dire à son sujet ?
    — C’est lui qui a rendu les maîtresses obligatoires pour tous les hommes.
    
    Hélas… la réponse n’était que partiellement exacte. Fut-elle validée par les yeux noirs ? Je ne m’en souviens plus.
    
    -ooOoo-
    
    Nous sommes en 1963, dans une classe de CM2 d’une école primaire de province qui affiche ...
    ... l’égalité à son frontispice bien que n’autorisant pas encore la mixité et supposant qu’il s’agit là de valeurs distinctes. 1963 qui fut l’année des décès d’Édith Piaf et de Kennedy et celle, bénie, de l’introduction de la mini-jupe en France.
    
    Les époques où écrire consistait à graver dans l’argile des signes cunéiformes (entendez ce mot comme vous voudrez, mais je le trouve délicieux !), à buriner les granits durs des carrières d’Assouan, à égratigner des papyrus avec un calame effilé, ou à enluminer des peaux de mouton avec des lettrines décorées de tous les charmes de l’enfer étaient depuis fort longtemps révolues.
    
    On venait en outre d’abandonner pleins et déliés, second acte d’une longue reddition effectuée par paliers. Le premier avait été le renoncement à la plume d’oie au profit de celle d’acier. Fallait-il y trouver un sens ? Assurément oui, elles proclamaient les victoires de l’industrie naissante sur l’agriculture (je me demande d’ailleurs ce qu’on fait aujourd’hui des milliards de plumes dont on écorche les pourvoyeuses de foie gras). Écrire était désormais à la portée de tous et d’une simplicité enfantine, aussi fallait-il que tout bambin en subisse l’apprentissage.
    
    Eh bien non ! Écrire, en dépit de ces réductions n’en restait pas moins une opération laborieuse soumise à une longue initiation qui, pour un potache d’aujourd’hui, serait vécue comme un acte de barbarie ou de sadisme caractérisé et ne manquerait pas de mobiliser toutes les bonnes âmes de nos ...
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