1. La loi du talion


    Datte: 15/05/2018, Catégories: vengeance, nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... ambré.
    
    Il but avec délectation. Sa femme attendit qu’il ait liquidé la moitié du verre avant de parler :
    
    – Charles, je voudrais que tu me dises ce que tu es allé faire en ville hier soir, demanda-t-elle avec anxiété.
    
    Le dit Charles haussa les épaules. Il aurait dû se douter qu’elle ne lui avait apporté ce verre que dans l’espoir de le faire parler. Il finit sa bière puis lui tendit le verre vide.
    
    – Merci, dit-il encore.
    
    Puis il lui tourna le dos.
    
    – Attends, Charles ! Attends… insista-t-elle en lui saisissant le bras. Dis-moi ce que tu as fait ! Je dois le savoir, tu comprends ?
    
    – Oh, laisse-moi ! grogna-t-il en se dégageant violemment.
    
    Et sans autre commentaire, il la planta là.
    
    Plus tard, lorsqu’il fut étendu dans son hamac, à l’ombre de sa remise et d’un bouleau bientôt centenaire, Charles se força à réfléchir. Le vent frémissait entre les feuilles de l’arbre et caressait la cime de l’herbe jaunie. De temps à autre, le chant d’une mésange s’élevait, doux et lointain. Le silence de la campagne était apaisant. Il avait vraiment envie de dormir, mais il fallait qu’il se concentre, car les choses devenaient compliquées. Et il ne réussirait pas éternellement à fuir les questions de sa femme. Elle avait toujours voulu savoir ce qu’il faisait pourla satisfaire, et il le lui avait toujours dit.
    
    Hormis lorsqu’il utilisait les filles, évidemment.
    
    Elle l’avait soupçonné, une fois. Mais il avait su faire taire ses doutes.
    
    Avec Liana, ce serait ...
    ... différent, il le sentait. Ellelui ressemblait tellement. Les mêmes cheveux bruns, le sourire hésitant, mais si chaleureux. Les yeux remplis de bonté.
    
    Les yeux remplis de tristesse ; tellement tristes.
    
    La même tristesse, les mêmes blessures, les mêmes supplices. Jusqu’à son prénom, qui ne différait que d’une lettre, de celui de Diana.
    
    La même cicatrice au cœur. Une plaie qui ne se refermait jamais.
    
    Où Tomaze avait-il bien pu la dénicher ? S’était-il aperçu de la ressemblance ? C’était il y a si longtemps, maintenant. Sans doute ne pensait-il jamais àelle. Mais Charles, lui, ne l’oubliait pas, il ne l’oublierait jamais. Elle avait été le soleil de sa vie, et maintenant, seule la vengeance nourrissait son cœur d’ardents projets.
    
    — Mon amour, pensa-t-il. Et l’émotion était encore si forte lorsqu’il pensait à elle, malgré toutes ces années, que ses membres devenaient glacés.
    
    Mais il essaya de se concentrer une nouvelle fois. Il ne devait pas se laisser distraire par le souvenir de Diana. Quelque chose n’allait pas dans cette histoire, et il devait savoir quoi. Les choses risquaient de tourner mal, si Liana possédait le carnet de Diana. Il l’avait cherché pendant si longtemps ! Comment avait-elle pu mettre la main dessus ?
    
    Une vague de rancœur monta alors en lui, et il grimaça, à la torture. Vingt années. Vingt longues années. Il allait fêter cet anniversaire avec tant de brio, que cette fois, ce salaud n’en réchapperait pas blanc comme neige.
    
    Cette fois, il ...