La loi du talion - Histoires de Sexe

La loi du talion

... fait réveillée à présent. Elle se rappela soudain son rêve idiot, et fit la grimace, tout en suivant sa sœur à travers les rangées de chaises.

Les gamins étaient turbulents, les parents intarissables, et on voyait passer toutes les deux secondes un élève habillé en noir et blanc, un instrument à la main, avec un air égaré sur le visage.

Dès qu’elle fut au rez-de-chaussée de l’école, Liana fut happée par la foule d’élèves et de professeurs, tout âge confondu, qui allaient et venaient, l’air affairé, dans une ambiance si tendue qu’on aurait pu la couper au couteau. Et se sentit d’autant plus fautive de s’être endormie en faisant ce rêve absurde : Fanny avait raison, ils avaient tous travaillé si dur, et elle s’endormait en les écoutant…

Fanny la guida jusqu’au stand. Et sans qu’un seul mot ne fut prononcé, Liana comprit subitement pourquoi sa sœur tenait tant à ce qu’elle boive quelque chose : un jeune homme élancé, blond, au visage bronzé, dans lequel deux prunelles vertes frappaient immédiatement le regard, servait les boissons. Et le jeune homme était bien celui qu’elle avait rencontré au troisième étage, une semaine auparavant, la prenant pour Fanny.

En voyant celle-ci approcher, le jeune homme rougit jusqu’aux oreilles. Intérieurement, Liana ne put s’empêcher d’éprouver une grande irritation. Que sa sœur soit jolie, c’était une évidence, mais qu’il ne puisse pas la regarder sans rougir, c’était vraiment puéril…

Liana jeta un vague coup d’œil sur le stand, ...

... qui était en fait une large table rectangulaire recouverte d’une nappe blanche, de gobelets en plastique, et de plusieurs bouteilles de jus de fruits.

– Qu’est-ce que tu veux boire ? demanda Fanny en se tournant vers elle.

Au même moment, Liana fut percutée par un homme qui disparut aussitôt dans la foule, sans une excuse.

– Aïe !

– Oh, tu as mal ? s’inquiéta Fanny.

– Non, ce n’est rien… c’est juste le bras qui…

Au moment où elle parlait, elle regarda son bras, et s’interrompit immédiatement. Juste au-dessous de son épaule nue, une grande estafilade sanglante courait sur la largeur de son biceps. Les yeux écarquillés, Liana mit un moment à comprendre que ce devait être une lame qui lui avait fait une telle blessure. Fanny le vit aussi, et devint pâle comme un fantôme :

– Mais enfin Liana, qui était-ce ? Tu l’as vu ?

– Non, murmura Liana en regardant la blessure de plus près.

Elle commençait à saigner assez abondamment, et machinalement, appliqua la paume de sa main sur la blessure. C’était tellement inconcevable que quelqu’un ait pu lui donner un coup de couteau lors d’une entracte d’un concert, qu’elle ne parut pas réaliser que le coup avait dû être volontaire.

– Liana, il faut faire quelque chose… reprit Fanny avec anxiété.

Des gens commençaient à la regarder avec attention. Le directeur s’avança alors vers elles, sans se troubler le moins du monde à la vue de leurs têtes d’enterrement.

– Fanny, je vais faire le discours, annonça-t-il d’une ...