La loi du talion - Histoires de Sexe

La loi du talion

Résumé de l’épisode précédent : Menacée par un sinistre individu, et toujours plus angoissée par l’intérêt de Monsieur Tomaze pour le journal intime de l’inconnue, Liana se voit contrainte de rompre tout contact avec lui…

« Et qui pardonne au crimeen devient le complice. »

Voltaire,Brutus

Le crépuscule était tombé depuis longtemps quand les gens commencèrent à arriver. Pour l’occasion, Liana avait mis une ample jupe beige et un débardeur bordeaux. Elle avait tressé ses cheveux pendant la nuit, et ils flottaient maintenant libres sur ses épaules, ondulés et jouant avec le vent.

Fanny finit par l’apercevoir, et vint distraitement l’embrasser. Liana savait à quel point sa sœur prenait à cœur son travail ; elle voulait que tout se passe bien, et Liana se sentit un peu stupide quand elle réalisa qu’elle-même attendait exactement le contraire. Il ne se passait jamais rien ; un peu d’imprévu serait le bienvenu.

Les élèves affluaient sur la scène, accordaient leurs instruments, parlaient entre eux. Le bavardage des spectateurs commença à s’accroître au fur et à mesure qu’ils arrivaient et s’installaient sur les chaises. Bientôt, le parc fut noir de monde, et l’estrade, remplie de jeunes tout prêts à montrer leur talent. Ce n’est pas sans trac que le concert débuta.

Liana se laissa guider par la musique, se laissa bercer, et finit même par s’endormir. Elle rêva de M. Tomaze. Il tenait un archet et courait en tous sens, poussant des cris épouvantables. À côté de lui ...

... se trouvait un homme au tee-shirt rouge et à la casquette blanche et bleue, qui laissait échapper des ricanements tellement aigus que Liana eut envie de se boucher les oreilles.

La cause de ce remue-ménage demeurait assez obscure. Apparemment, les deux hommes cherchaient à savoir d’où venait la musique qu’ils entendaient. Et Liana avait beau crier :

— C’est le concert, le concert de fin d’année ! , aucun des deux ne semblait l’entendre.

– Liana ? Voyons, tu dormais ?

La jeune femme papillonna des yeux, et croisa ceux, réprobateurs, de sa sœur. Elle jeta un regard autour d’elle, vit la scène vide, entendit le bourdonnement grave des conversations. Quelqu’un avait allumé deux projecteurs de chaque côté de l’estrade, et ils jetaient une lumière rose, un peu irréelle, sur les gens. C’était apparemment l’entracte.

– Oh, oui, excuse-moi, murmura Liana.

– Je pensais que tu aimerais les écouter ! dit Fanny en serrant les lèvres. Ils ont tous travaillé tellement dur pour en arriver là…

– Oui, je sais, répondit Liana d’un ton piteux. Je suis désolée…

– Le directeur va remettre les diplômes aux étudiants de fin d’année dans dix minutes. Je suis venue te voir pour te demander si tu voulais boire un verre : il y a un stand buvette à l’intérieur. Mais j’ai dû me tromper, c’est un lit que tu veux, il me semble.

– Oh, euh… oui, bien sûr que je viens.

Si Fanny avait pris la peine de lui parler du stand, c’est qu’elle souhaitait sa présence. Liana se leva, tout à ...