1. rioriM


    Datte: 14/05/2018, Catégories: frousses, nopéné, nonéro, sorcelleri, fantastiq, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... type se paya ce truc. Un mois plus tard, on l’a retrouvé à poil, errant dans le village. Il s’était chié dessus.
    
    — Le notaire m’a dit qu’on ne savait pas où il était parti.
    — Tout le monde sait où il crèche… à Sainte-Anne.
    
    Les autres clients s’étaient rassemblés autour de nous, ils écoutaient religieusement cette histoire mille fois racontée.
    
    — Alors, petit, sauve-toi avant qu’on te retrouve canné ou débile.
    — Jusque maintenant, je n’ai rien trouvé d’effrayant.
    — T’es vraiment borné, toi.
    — Non, je ne suis pas réceptif à ce genre d’histoire, mais ça ferait un bon roman.
    
    Je lui montre mon Zippo.
    
    — Ce briquet m’a été donné par un ami de la Nation Kiowa en Oklahoma. Je faisais des recherches sur les substances hallucinogènes des Indiens d’Amérique, pour un roman, Great Eagle, le chamane me prit sous son aile et, une nuit, sous l’effet du peyotl me dévoila une partie de mon avenir. Il me raconta des choses hallucinantes, alors vos fantômes ne me font pas peur.
    
    Je paye les tournées et je me casse, sous le regard inquiet de René. Bien que mon métier consiste à raconter des histoires, je reste cartésien, les pieds sur terre. Pour moi, tout doit avoir une explication rationnelle. Je ne crois ni aux fantômes ni aux spectres, bien que j’aie écrit quelques textes sur ce sujet.
    
    Je rentre chez moi et continue le rangement. L’état de la maison me laisse toutefois pantois. Malgré toutes les péripéties, malgré l’âge, rien ne semble abîmé. Aucune tache d’humidité, ...
    ... aucune trace de rouille, aucune peinture écaillée, aucune moisissure.
    
    Le lendemain, je retourne au bistrot et y trouve René.
    
    — Dites-moi, qui a fait les travaux d’entretien courant, comme la peinture, ou même remplacer quelques ardoises sur la toiture ?
    — Tu ne m’as pas écouté, la maison est maudite, hantée, personne de sensé dans le canton n’en approcherait à moins de cinq-cents mètres.
    — Et quelqu’un de pas sensé ?
    — Quand on parle du manoir Marval, tout le monde est sensé mon gars.
    — Il n’y a même pas une toile d’araignée !
    — Les araignées sont pleines de bon sens.
    
    ooOOoo
    
    Les jours suivants, je termine mon installation et me promène dans les environs, en forêt, dans la campagne. J’en profite aussi pour reprendre l’écriture, délaissée depuis quelque temps.
    
    Je dois rendre un truc sirupeux à l’eau de rose et avec son récit à deux balles, René m’a foutu en tête une histoire de fantômes à la con !
    
    Je sais ce que je vais faire, écrire une histoire de fantômes amoureux. Une belle revenante amoureuse d’un gars bien vivant et qui va le faire tourner bourrique.
    
    Tout le monde sera content.
    
    Avant d’aller me coucher, je vais prendre une douche. En un rien de temps la pièce se remplit de vapeur.
    
    Alors que j’essuie la buée sur la glace d’un revers de main, je vois le reflet d’un type hagard – moi –, mais je suis aussi face à une splendide jeune femme.
    
    Les cheveux de feu coiffés en chignon, le nez droit et long, les pommettes hautes piquetées de taches de ...
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