La panne
Datte: 21/05/2021,
Catégories:
fh,
jeunes,
caférestau,
hdomine,
Oral
nopéné,
Humour
Auteur: Igitur, Source: Revebebe
... prescrivait. En me serrant la main, il eut des paroles rassurantes et me suggéra d’aller consulter un psychologue spécialisé.
— Quand nous aurons les résultats des examens, si rien n’apparaît, précisa-t-il, je pourrais vous adresser à quelqu’un de très bien.
J’avais un répit.
L’infirmière qui me préleva quatre fioles de sang eut l’air surprise de la liste interminable des dosages à effectuer. Mais elle ne fit aucune remarque, ne posa aucune question. C’était une femme comme on en croise des centaines sans se retourner sur elle, ni belle, ni laide. Elle s’occupait de me vampiriser avec beaucoup de douceur et à l’observer travailler avec précision et lenteur, je me pris à lui trouver beaucoup de charme, elle était une sonate de Bach dans un tableau coloré de Kandinsky. Alors qu’une de ses fioles se remplissait de mon sang, j’ai un peu déplacé mon bras de sorte qu’il lui effleure le sein. Elle ne s’est pas échappée. C’était malheureusement la dernière fiole et notre aventure s’est arrêtée à ces quelques secondes d’effleurements légers. Avait-elle seulement compris l’intention érotique de mon geste ? Rien n’avait bougé entre mes cuisses.
La médecine du corps s’est finalement déclarée incompétente face à ma débandade. Quant à la médecine de l’esprit, je préférais pour l’heure la laisser à l’écart des méandres de ma conscience, y penser m’évoquait la troisième symphonie de Gorecki avec un portrait de Bacon sur des relents de sulfure d’hydrogène, ce qui me paraissait ...
... très injuste pour Gorecki, mais je ne discutais plus ces fulgurances associatives. Quoique ! Cette fois-là, de retour chez moi, j’ai bravé mes propres règles en mettant mon ampli à pleine puissance pour ne rien manquer des violoncelles et contrebasses émergeant des profondeurs de néant et je me suis laissé porter par la lente montée en puissance de l’œuvre musicale la plus merveilleusement triste qu’il m’ait été donné d’entendre, et ça m’a rendu heureux comme un enfant insouciant. C’est alors que les voisins ont failli défoncer le mur pour me faire comprendre que maintenant la soprano déchirait leur tranquillité de ses chants plaintifs sur un enfant mort.
En me levant pour éteindre la musique, j’ai eu la fugace vision d’un visage de femme, rien de connu, rien d’identifiable, juste peut-être le sentiment d’une femme évoqué par cette soprano. Mais un sentiment de tranquillité.
L’évocation d’un psy m’avait conduit à la symphonie des chants plaintifs, la symphonie à un visage mystérieux, le visage a une tranquillité apaisante, décidément mon inconscient suivait des chemins insoupçonnables, c’eut été un gâchis que de laisser piétiner tout cela par un freudolâtre de quelque école que ce fut.
Comme on se sent léger lorsqu’on a pris avec fermeté une décision difficile. J’avais désormais la certitude tranquille que je ne laisserais aucun psy déambuler dans ma folie.
Lorsque j’ai fait part de ma résolution à Jean, sa réaction a été conforme, conforme à l’air du temps, à ...