Les saisons d'une vie (4)
Datte: 18/05/2021,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... paria, puisque fautive dans leur esprit, d’avoir trahi mon mari. Une seule fois Lilian a tenté de raccrocher les wagons d’une rame de laquelle j’ai depuis longtemps coupé les ponts. Il s’est heurté à mon mépris et mon indifférence. Je n’ai pas même eu un petit coup au cœur en le voyant reprendre sa route, énervé et pitoyable. Des nuits entières, je pèse le pour et le contre pour la vente de mon coin de paradis. Puis une idée m’est venue, comme ça, un petit matin.
Je pourrais en parler à Michel ! Peut-être que lui serait heureux de reprendre cet endroit où tout me le rappelle. Il me faut encore trouver un certain courage pour lui téléphoner et ça, ce n’est pas gagné. Je remets jour après jour, je procrastine sans arrêt. Et les saisons s’envolent, toutes me ramenant à des pensées idiotes. Michel aurait fait ceci en ce moment, Michel ferait cela… de quoi ne rien oublier en fait. Un peu comme si tout s’ingéniait à garder vivants ces petits riens que nous partagions si naturellement.
Les dernières feuilles s’accrochent encore aux branches, bravant la bise froide. L’automne dans un regain de fierté ne se rend pas aussi facilement. Moribond il résiste toujours aux assauts de ce vent qui glisse sur les flancs des montagnes vert sombre qui nous entourent. Un novembre triste ! Je n’ai toujours pas fait ce pas vers mon ex-mari. Le chalet est là, vent debout qui attend silencieusement les neiges à venir. Il m’appartient toujours, je n’ai pas eu le cœur de m’en défaire. Je suis sur ...
... la terrasse, gentiment installée sur la balancelle fouettée par un courant d’air frais. Mon manteau suffit à peine à me garder un peu de chaleur.
Quelque part, lointaine et pourtant si proche, c’est une sorte d’alarme qui s’insinue dans cette tête que je ne soigne plus depuis… trop longtemps. Je n’y prête aucune attention à cette sonnette qui me vrille les tympans. Je ne tiens pas même à savoir de quoi il retourne. Prostrée sur cette sorte d’esplanade à tous les vents, je broie du noir. L’hiver n’est jamais une saison agréable. Ce sont les gouttes d’eau tombées du ciel qui me font enfin réagir. La salle à manger est restée entrouverte. Mes yeux tombent sur la source de ce qui m’a dérangé dans ma méditation. Le voyant rouge du téléphone fixe clignote, signe que j’ai reçu un appel.
Je n’ai guère envie d’entendre une voix anonyme essayer de me fourguer un démoussage de mon toit ou une téléphoniste zélée tenter de me vendre une assurance. Donc, je laisse de côté ce répondeur qui ne sert plus beaucoup, il est vrai. J’ingurgite un morceau de pain, une croute de fromage, de quoi subsister un jour supplémentaire. Ensuite, sieste sur le canapé, avec tout de même une flambée dans la cheminée. Alors pourquoi ma caboche bourdonne-t-elle de cette manière dans un rêve qui n’a rien de folichon ? Un sursaut me ramène à la réalité du moment. Qu’est-ce que c’est que ce boucan ?
Je réalise soudain qu’il s’agit de la sonnerie du portail qui me déchire les oreilles. Quel est cet intrus ...