Les saisons d'une vie (4)
Datte: 18/05/2021,
Catégories:
Partouze / Groupe
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
... qui se permet de troubler mes cauchemars ? Je m’approche de l’entrée, écartant le rideau de la fenêtre de la cuisine pour chercher à voir qui vient me déranger. Mon cœur se décroche de ma poitrine, mes genoux ne me portent plus. Je vacille sur mes canettes tant la silhouette qui attend près de la voiture me semble familière. Pourquoi est-il là ? Tout remonte à la surface malgré le trouble de ma vue. Mon esprit disjoncte complètement. J’ai inconsciemment fait ce que des milliers de fois auparavant j’ai accompli.
Ce n’est nullement réfléchi, juste spontané, exactement comme s’il n’avait jamais quitté cette maison. Mon doigt a seulement effleuré le bouton et le portail dans un long soupir s’ouvre sur le passage de cet homme qui peuple toujours mes nuits, mes jours, ma vie. Michel qui arrive, lentement en regardant tout autour de lui. Puis c’est moi qui dans un effort presque surhumain débloque la serrure de la porte d’entrée. Il est là, alors que la cloison mobile qui me sépare de lui dégage l’espace.
— Claude ! J’ai eu peur qu’il te soit arrivé quelque chose. Je t’ai laissé au moins dix messages depuis quelques jours…
— Des messages ? Sur le répondeur ? Oh ! Il y a longtemps que je ne décroche plus le téléphone fixe… trop de démarcheurs anonymes… tu sais !
— Je me suis bougrement inquiété. Plus personne ne te voit, ni en ville ni dans les magasins.
— Tu me surveilles ou quoi ?
— Allons… tu fais toujours partie des gens que j’aime.
— Bon ! Entre, ...
... finalement ta visite tombe bien… je remettais depuis longtemps pour t’appeler et te demander ton avis.
—…
Michel sourit en haussant les épaules…
— Mon avis… pour ce que tu en tiens compte. Enfin… voyons ce que tu as à dire.
— Je voudrais… me séparer du chalet. Trop d’entretien, trop éloigné du village en hiver et tu les connais bien les soucis de la neige dans notre coin !
— Tu n’as pas besoin de mon accord pour vendre. Tout est à toi…
— Oui ! Mais il reste tout de même tes souvenirs, ton bateau, tes cannes… enfin tout ce qui faisait le sel de ta vie.
— La seule chose à laquelle je tenais, je l’ai perdue dans quelques parties fines avec un autre que moi. Le reste… tout peut être racheté ou changé, pas toi Claude !
— Tu vis avec quelqu’un ?
— Drôle de question ! Bien sûr que tu as déjà la réponse. Et moi j’ai la mienne… à te voir aussi naturelle, c’est que ça ne va pas mieux pour l’un que pour l’autre.
— Tu parles de quoi, là ?
— Tu te laisses aller, pas maquillée, mal peignée, tu te négliges et regarde-moi… j’ai l’air de quoi ?
D’un coup je détaillais vraiment cet homme. Celui que j’avais tant aimé, celui qui se trouvait face à moi ! Quelques rides de plus, des cheveux blancs sur les tempes, oui, il avait muri pour de bon. Mais dans ma poitrine mon cœur ne se stabilisait toujours pas. Je restais là, incapable d’ajouter quoi que ce soit à ce qui venait d’être dit. Il avait tendu la main, grande ouverte. Ses doigts effleuraient ma joue et l’envie de ...