Latifa reprend du service - Histoires de Sexe

Latifa reprend du service

... déchetterie et la fourrière. L’endroit est déjà glauque le jour, alors la nuit, tu imagines le tableau. Ses habits étaient dans un sac plastique, mais pas ses papiers d’identité ni son téléphone. Seulement son carnet d’adresses, peu garni : tu es la seule que j’ai pu contacter. Alors, son visage te dit quelque chose ?
— Tu risques d’être déçue : je ne connais que son prénom, Carine. Je l’ai connue il y a quelques mois, mais c’était, comme souvent avec moi, une rencontre d’une seule nuit. Pauvre Carine. Elle était adorable et très douce.
— Tu connais son prénom, seulement ? Rien d’autre ? Dommage. Enfin, tu as fait ce que tu as pu. Tu pourras me rappeler si tu te souviens de quelque chose d’autre à son sujet ? Pour ton info, sur son carnet, il y a trois petits cœurs en face de ton numéro de téléphone. Il semble qu’elle ait beaucoup apprécié de t’avoir rencontré.

Un médecin en blouse blanche entre dans la morgue : un homme d’une soixantaine d’années, grand, trapu, avec de longs cheveux blancs.

— Hello, les filles. Je suis Didier, le légiste, trente ans de maison et toujours l’œil vif pour expliquer quand et pourquoi les patients qui se trouvent sur ma table d’examen ont calanché. Alors, Élodie, tu as des infos ?

La capitaine me présente : Latifa, un témoin important dans cette affaire.

— Pour ma part, après analyse, j’ai une théorie qui me semble intéressante. J’avais même parié, il y a quelques années, que je tomberais sur un cas pareil avant de prendre ma ...

... retraite, et cette affaire tombe juste à point, puisque vous ne me verrez plus à partir de l’année prochaine.

Je fais ma petite curieuse.

— Vous avez parié quoi, et avec qui ?
— Eh bien, Madame, j’ai parié… mais on en parlera mieux autour d’un verre. De toute façon, c’était précisément l’enjeu du pari, et comme l’heure du midi approche, je vous offre à toutes les deux l’apéritif dans un petit bistrot du quartier, sur les bords de la Loire. Si le cœur vous en dit, et si le vôtre, Madame, n’est pas trop retourné par la vision de cette pauvre personne que la vie a quittée…
— Ça va ! Que croyez-vous ? Je ne suis pas si sensible. J’ai d’ailleurs travaillé dans la police, dans le temps.
— Dans ce cas, allons-y !

L’été indien n’est pas fréquent à Nantes, mais en ce début d’automne, le soleil est au rendez-vous depuis presque une semaine, m’indique Élodie. C’est donc en terrasse que nous sirotons nos kirs pendant que Didier nous explique sa théorie sur la mort de Carine.

— Quand j’ai vu le corps, j’avais déjà un doute, mais je n’ai rien dit avant que l’analyse sanguine confirme mon hypothèse. Soit il s’agissait d’un jeu sexuel qui est allé trop loin, soit elle a bien été tuée, mais pas par ce que nous appelons conventionnement une arme. Son sang est gorgé d’une hormone féminine qui s’appelle l’ocytocine. On la trouve dans deux cas : pendant l’accouchement, où elle a pour fonction d’accélérer le travail, et pendant un orgasme. La dame n’étant nullement enceinte, nous sommes ...