1. Histoire des libertines (36) : La Du Barry, la dernière favorite


    Datte: 04/05/2021, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... apparent la recherche de ses diamants volés, étaient plutôt des missions auprès des émigrés.
    
    Arrêtée, elle était la Conciergerie, attendant son jugement. Un Irlandais, un aventurier fécond en ressources, parvint à s’introduire dans sa prison et à lui communiquer un plan d’évasion qu’il avait formé en sa faveur. Ce projet était hardi, mais non irréalisable.
    
    — Pouvez-vous sauver deux personnes ? demanda Mme du Barry.
    
    — Non, une seule, répondit l’Irlandais.
    
    — Eh bien, ce n’est pas à moi qu’il faut songer.
    
    Et elle donna tout ce qu’elle possédait pour que l’homme entreprît de délivrer Mme de Mortemart, la fille de ce Brissac qu’elle avait tant aimé et auquel elle restait fidèle par-delà la tombe. Cette abnégation n’est pas, on en conviendra, d’une âme vulgaire. L’Irlandais lui obéit et put, en effet, arracher Mme de Mortemart à l’échafaud. Il réussit à la faire passer en Angleterre. Ce fut donc par un acte de dévouement que Mme du Barry termina son existence. A lui seul, ne rachèterait-il pas bien des fautes ? On est loin, là, de la légende de cynisme et ensuite de faiblesse, de l’ancienne favorite, tant diffamée, semblant résumer en elle toutes les folies et toutes les erreurs d’une époque.
    
    Son destin rencontra, aux derniers jours, celui d’une autre femme célèbre, détenue en même temps qu’elle à Sainte-Pélagie ; mais Mme Roland a dû détourner les yeux de cette compagne de prison, qui n’était pour elle qu’une créature vile, favorite impure d’un roi ...
    ... détesté.
    
    On eût étrangement surpris la vaillante girondine, en l’assurant que cette prétendue courtisane avait su montrer, à son heure, du désintéressement, du dévouement, de l’abnégation, qu’elle aussi avait servi son parti avec courage.
    
    LA VERITE EST SOUVENT AU MILIEU
    
    Il est incontestable que Jeanne, quand elle rencontre Louis XV, est une demi-mondaine, une prostituée de haut-vol.
    
    Elle fut celle qui, par sa jeunesse, sa beauté, son caractère enjoué et sa grande expérience des jeux de l’amour, qu’elle devait à son passé de prostituée de luxe, redonna joie de vivre au souverain connu pour être «mélancolique».
    
    Jeanne n’était pas la nymphomane que ses détracteurs ont prétendu dénoncer. Je dirai même qu’elle n’était pas hypersexuelle, combien même elle avait une connaissance infinie des choses de l’amour et n’était pas la femme frigide que fut la Marquise de Pompadour.
    
    Le destin a fait naître Jeanne Bécu à Vaucouleurs, un des hauts-lieux de l’épopée johannique. Elle portait le même prénom, les pamphlétaires ne se sont pas gênés d’opposer la Pucelle et la catin.
    
    On ne juge pas les gens du fait de leur origine sociale, ni à cause de leur passé. C’est pourquoi j’ai voulu donner une image de Jeanne plus proche de la réalité, sans occulter son passé, mais sans cacher non plus ses qualités, que ce soit dans le rôle qu’elle joua auprès de Louis XV, comme dans sa fidélité à la monarchie qui l’avait pourtant ostracisé après la disparition de son royal amant. Ce n’est sans doute ...
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