1. Un cavalier sur le toit


    Datte: 29/04/2021, Catégories: fh, historique, Auteur: André 59, Source: Revebebe

    ... passer. Sur la ligne de front, l’habitant se terre dans les caves et il n’en sort qu’une fois la bataille terminée ; le combattant n’a pratiquement aucun contact avec lui. Mais maintenant que la guerre est finie, cela risque de changer. L’escadron compte 150 bonshommes ; le plus vieux a vingt-sept ans. Et ils ont le sang chaud ! Nous risquons d’avoir un peu de mal à appliquer la discipline…
    
    Mystère des relations humaines, nombreux sont, en effet, les cavaliers qui se demandent comment les choses vont évoluer. Quoi qu’il en soit, le capitaine relaie le colonel pour rappeler que les cadres doivent donner l’exemple. À vos ordres, mon colonel. Honneur et patrie, et le devoir avant tout !
    
    A la mi-mai, l’escadron fait donc mouvement. Il a reçu l’ordre d’occuper les villages autour de Constance. Voilà qui va amener les Français à travailler avec les édiles locaux et à fréquenter la population. Les Français sont servis. Pour l’instant, l’accueil est glacial. Dommage, car le temps est magnifique et les filles jolies. Le soir, les hommes se détendent près des feux de camp. On dirait un camp de boy-scouts, et cela n’a rien d’étonnant : ils en ont l’âge pour la plupart.
    
    Un des aspirants de l’escadron est un étudiant en Histoire. Il raconte lors d’une veillée l’épisode des délices de Capoue, ou comment, lors des guerres puniques, l’armée d’Hannibal s’est perdue dans un flot de volupté dans le sud de l’Italie. Du coup, nos jeunes cavaliers se mettent à imaginer des tas de ...
    ... choses ; mais là, c’est franchement mal engagé. Pourtant ils sont nombreux à rêver de mieux connaître les jeunes Badoises et leurs consœurs bavaroises. Henri a même aperçu quelques timides sourires qui sont peut-être de bon augure. Il n’est d’ailleurs pas le seul ; le conducteur de sa Jeep, le maréchal des logis Lopez, a une explication aussi simple que rationnelle à ce changement :
    
    — C’est pas compliqué, mon lieutenant : depuis la mobilisation de 1939, les pauvrettes n’ont pratiquement pas revu leurs matous. Peut-être sont-elles ’’en manque’’, comme on dit volontiers ? Et puis vous connaissez la formule : « La femme donne toujours son cœur au vaincu et son cul au vainqueur. » Vous en pensez quoi, vous ?
    
    Que répondre à cela ? Alors qu’il lui parlait, Henri songeait à ce film vu juste avant la guerre,La kermesse héroïque. Au XVIIème siècle, pour éviter que leur ville ne fût détruite par les Espagnols, les femmes d’une petite cité flamande entreprirent de séduire la soldatesque en l’étourdissant dans un tourbillon de charme et de plaisirs.
    
    « On en est plutôt là,pense-t-il ;elles essaient de nous désarmer. Au mieux, elles se méfient ; au pire, elles ont peur. Mais, bon sang, que certaines d’entre elles sont belles ! Tailles fines et longues jambes, cheveux blonds, bruns, châtain en cascade, yeux clairs, ce n’est pas un lieu commun : elles sont là, devant nous. Pour tenir nos hommes, cela va être du sport… Et on nous rappelle encore une fois que les cadres doivent donner ...
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