Un cavalier sur le toit
Datte: 29/04/2021,
Catégories:
fh,
historique,
Auteur: André 59, Source: Revebebe
... camarades d’université dans le cadre d’une mixité plutôt déconcertante. À la même époque, la propagande n’hésitait pas à vanter les mérites d’une politique nataliste, et tout était fait pour inciter les Allemandes à procréer. À grand renfort d’affiches, de statues, le culte du corps s’étalait dans toute l’Allemagne. Éros semblait régner en maître dans ce drôle de pays. Mais pour Henri, on restait dans le domaine du fantasme et des premiers émois.
Seule présence féminine dans ce vaste logis, la mère de Hans aurait-elle pu être l’incarnation de ce désir juvénile ? À quarante ans, elle était d’une indéniable élégance et d’un physique agréable. Certes, elle n’était pas aussi belle que Frau Witte, mais elle avait du charme. Et ce n’était pas une héroïne de papier glacé, mais une vraie femme. Henri ne semblait guère la troubler. Pourtant, un matin, un fait étonnant s’était produit.
En entrant comme à son habitude dans la salle de bain, il s’était retrouvé nez à nez avec la maîtresse de maison alors qu’elle sortait de sa douche dans le plus simple appareil et ruisselante. Elle n’avait pas fermé la porte et lui avait souri avec le plus grand naturel avant de s’envelopper dans un peignoir d’une blancheur immaculée. Cette attitude si décontractée l’avait laissé bouche bée. Il n’y avait aucune impudeur, juste une façon naturelle de montrer son corps et d’assumer sa nudité. En passant devant lui, elle lui avait ébouriffé les cheveux en riant puis avait quitté la pièce. Oubli ? ...
... Provocation ? Il était trop gauche pour oser demander et faire une tentative d’approche.
Comme il aurait aimé qu’elle vienne le rejoindre une nuit, dans sa petite chambre, pour le caresser et le chevaucher, yeux clos et se mordant la lèvre pour ne pas gémir, pendant que son mari ronflait tranquillement à côté. Ce sexe à la toison blonde qu’il avait aperçu de façon fugace, il l’imaginait l’engloutissant dans sa moiteur accueillante. Il se voyait caressant ces seins, petits mais encore bien plantés, puis il prenait ce beau visage à deux mains pour lui demander de l’accueillir jusqu’au fond de sa gorge. Ou bien, cambrée sur le canapé, bien calée par un coussin, elle attendait qu’il vienne la prendre par derrière en la tenant solidement aux hanches alors qu’elle le guiderait en elle. Mais évidemment, il ne s’était jamais rien passé.
Le dernier soir, toutefois, le cœur battant, il avait senti une présence derrière la porte ; la poignée avait imperceptiblement bougé, puis tout s’était arrêté et il avait entendu un pas léger s’éloigner, se maudissant de ne pas avoir ouvert cette fichue porte. Les vacances s’étaient ainsi achevées sans apporter la réponse. Henri s’était bien promis d’en apporter une l’été suivant, mais les évolutions de la politique internationale avaient mis fin à l’échange, son père – ancien de 14 – ne souhaitant plus que son fils remette les pieds en Allemagne. La remilitarisation de la Rhénanie et les accords de Munich avaient définitivement enterré tout espoir ...