1. Un cavalier sur le toit


    Datte: 29/04/2021, Catégories: fh, historique, Auteur: André 59, Source: Revebebe

    Ce que vous allez lire ici est librement inspiré de récits qui m’ont été faits par plusieurs anciens combattants. Récits confirmés d’ailleurs par des rapports disponibles dans les archives de la sécurité militaire. Ils nous ont aujourd’hui quittés. J’espère que de là-haut, ils me pardonneront d’avoir brodé ce petit texte sur leurs aventures galantes.
    
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    Avril 1945. Maintenant qu’ils ont franchi le Rhin, les combattants français le sentent bien : dans quelques semaines, la guerre sera finie. L’Allemagne est anéantie. Ils sillonnent le Palatinat en tous sens et ne rencontrent plus de résistance organisée. Juste quelques gamins fanatisés et des vétérans du Volksturm qui se débandent au premier coup de canon. À cette allure, ils seront bientôt de retour à la maison. Parmi ces hommes, on trouve un jeune officier de cavalerie ; nous l’appellerons Henri. Depuis le débarquement de Provence, son peloton a parcouru un chemin victorieux mais sanglant. Sur les vingt-cinq hommes qu’il comptait, quinze ont été tués ou blessés. Prix lourd mais accepté pour la libération. Il n’empêche… cette gloire aura été chèrement payée.
    
    Le 8 mai, la nouvelle tant attendue arrive enfin : la guerre est finie ! L’Allemagne a capitulé. Allégresse générale ; dans l’escadron, c’est une explosion de joie, c’est peu de le dire. Les jeunes tankistes font une débauche incroyable de munitions : canons de 75 et mitrailleuses de 12,7 permettent un feu d’artifice inimaginable ; les ...
    ... traceuses en particulier sont du plus bel effet. Le capitaine est furieux, mais Henri le calme : les Américains se feront un plaisir de réapprovisionner l’unité. Et de toute manière, les hommes peuvent dormir tranquilles : le seul risque qui les guette désormais, c’est l’accident dû à une bonne cuite.
    
    L’enthousiasme est malheureusement vite retombé. Le régiment a eu le plaisir d’apprendre que l’état-major de la Défense Nationale l’avait désigné pour faire partie des troupes d’occupation en Allemagne. Le gouvernement a obtenu des Alliés un morceau de territoire dans le Palatinat et le Bade-Wurtemberg ; l’unité va y faire une démonstration de force et d’autorité pour asseoir la souveraineté française. Henri reste cependant quelque peu sceptique et ne peut s’empêcher de partager ses impressions :
    
    — Avec ce que les Allemands ont ingurgité comme parades et défilés militaires depuis 1933, ils vont bien rire en nous voyant ! C’est sûr que nos calots rouges et nos rangers cirées vont les impressionner… J’ai lu aux gars de l’escadron les consignes de l’état-major, calquées sur celles des Américains : NO FRATERNIZATION. Autrement dit, pas de fraternisation avec les civils. À mon avis, ils s’en foutent éperdument.
    
    Vétéran des campagnes d’Afrique et d’Italie, un capitaine se trouvant à ses côtés opine du chef :
    
    — Avec les Allemands, ça ne posera pas de soucis. Les jeunes nous haïssent, les vieux nous méprisent, mais avec les Allemandes, je me demande comment les choses vont se ...
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