1. Montmartre


    Datte: 28/04/2021, Catégories: fh, hplusag, historiqu, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... détails…
    
    Le gaillard avec un sourire m’avait fait un clin d’œil. Il m’attendrissait quelque part et je me sentis remuée de partout. Un peu le même effet que lors de mes moments passés en compagnie de ma bonne Adèle. Celle-là ne m’avait toujours pas donné signe de vie. Je ne répondis pas au peintre, mais espérait-il vraiment une réponse ? Je ne pouvais pas me prononcer. Geneviève n’aurait sans doute guère approuvé, elle qui faisait tant pour moi. Enfin, notre vin bu, nous avons chacun repris nos chemins. Mais la carte de cet homme dormait sur mon sein, dans le balconnet de mon soutien-gorge. Il avait du reste, beaucoup ri de me voir la placer là ! Y avait-il lu un signe ?
    
    — xxxXXxxx —
    
    À mon retour chez Gertrude, Clotilde était elle aussi rentrée. J’eus beau détailler son visage, rien ne transpirait de ses turpitudes dans mon logement. Si ce n’étaient… ses yeux légèrement brillants savamment remaquillés. L’air détendu qu’elle affichait lui donnait plutôt bonne mine.
    
    — Eh bien, Charlotte, où diable étais-tu passée ? Nous nous inquiétions ta mère et moi ! Tu n’as pas fait de mauvaises rencontres au moins ? Avec tous ces hitlériens partout, circuler est de plus en plus risqué.
    — Mais non, ma tantine, vous vous faites du souci pour rien. J’ai seulement vagabondé un peu, regardé les belles toiles que des artistes peignent un peu partout dans notre quartier.
    — C’est vrai qu’il y en a d’excellents. Mais je crois que notre amie Geneviève a des nouvelles à t’annoncer. Elle ...
    ... va passer tout à l’heure.
    — Pourvu que ce ne soient pas encore des drames, nous en vivons passablement depuis trop longtemps.
    — Nous verrons bien, ma chérie. Tu prends un thé avec Clothilde et moi ?
    — Ça ne me dit rien. Je crois que je vais rentrer chez moi. Tu peux me rendre mes clés, maman ?
    — Oui ! Prends-les sur la crédence, dans l’entrée. C’est un bel appartement où tu vis, Charlotte. Il est très calme.
    
    Ma première réaction aurait été de lui crier le seul mot qui me montait à l’esprit, « menteuse », mais par politesse, je m’en abstins. Sur ses lèvres, un sourire béat montrait ses dents blanches et si bien rangées. Puis je songeai que je n’avais rien fait d’autre moi non plus que travestir la vérité. J’avais bel et bien occulté la rencontre avec le peintre et dans mon sac, un dessin était le témoin gênant de ce pieux mensonge. Mes talons claquaient sur le trottoir, alors que je filai rapidement vers mon « chez-moi ». Je rêvais déjà d’un bon bain tiède, et cette idée me donna des ailes.
    
    Bien sûr, tout de suite dans mon appartement, je sortis immédiatement la carte pressée contre mon sein et rangeai celle-ci avec le portrait dont Paul m’avait indiqué qu’il était crayonné au fusain. Quel délice que ce moment où enfin, mon corps se trempait dans le tube de faïence blanche ! Seul mon visage sortait de cette eau à laquelle j’avais adjoint des sels odorants. Oui, une vraie merveille de délassement que cette baignade ! Tous les bruits de la rue s’arrêtaient aux murs de ...
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