Revenir ? - Histoires de Sexe

Revenir ?

... Dame Heline, étonnée, et me précipitai pour aider les gardiennes à récupérer ma compagne qui semblait évanouie.

— Alys ! Ma belle ! Mon amour ! Nous y sommes.

Elle reprenait peu à peu conscience. Je la délivrai du poids de notre fille, et nous nous embrassâmes tendrement.

— Alys !

C’était Dame Heline, qui s’était approchée ; à son tour, elle serra contre elle son ancienne servante.

— Je suis heureuse de te revoir ! Tes enfants sont magnifiques !

Elle paraissait sincère. Tournant ses yeux vers moi, elle me sourit et se reprit :

— Vos enfants. Bienvenue, Johan.

Et elle se colla presque contre moi pour chuchoter à mon oreille :

— Merci Johan. Merci de l’avoir sauvée.

***

Nous avions suivi Dame Heline et les Patriciennes, escortés par les surveillantes qui nous avaient conduits à travers la ville, fendant la foule des curieuses qui voulaient nous approcher pour voir de près « les dégénérés de la prophétie ». Plusieurs regards nous étaient hostiles, mais de nombreux autres visages nous souriaient ; et beaucoup, finalement, nous observaient avec indifférence.

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous étions confortablement installés dans de larges fauteuils au sein du palais du conseil, un immense et luxueux bâtiment, qui me rappelait, en plus cossu, la demeure de grosse Dame Mazela. Les gardiennes qui nous y avaient amenés ne nous avaient pas quittés et se campèrent près des portes tandis que sept Patriciennes s’assirent dans d’autres sièges, ...

... en demi-cercle devant nous. À quelques pas, deux femmes examinaient nos enfants et leur massaient déjà doucement le corps avec des onguents et des électuaires.

— Alors, Alys et Johan, racontez-nous votre histoire.

Nous n’osions nous exprimer, ni l’un ni l’autre. Raconter notre histoire, c’était commencer par admettre que nous nous étions enfuis de la prison de Tal-Mania. Mais la question fut tranchée assez vite :

— Que s’est-il passé depuis votre… évasion ?

Celle qui nous parlait était Dame Aradelle ; c’était elle qui s’était adressée à la foule avant que nous n’entrions dans la cité, et c’était elle, apparemment, la Première Patricienne, elle qui dirigeait le Conseil.

— Nous avons suivi une rivière souterraine, expliqua brièvement ma compagne, pendant longtemps, jusqu’à sortir enfin de la falaise et déboucher en plein air à quelques kilomètres de… de la mer.

Nos interlocutrices paraissaient à la fois surprises et sceptiques.

— Et nous avons découvert une autre ville.
— Une autre ville ? répétèrent, étonnées, toutes les conseillères.
— Vers le sud-ouest, à quatre ou cinq jours de marche.
— En fait, les ruines d’une autre ville, corrigeai-je. C’était une ville il y a mille ans, peut-être celle dont est issu votre peuple… Et aujourd’hui la mer et le sable recouvrent les rues et les pieds des immeubles en ruine.

Alys m’observa à la dérobée. Je compris à son regard qu’elle cherchait à savoir si je parlerais de mon passé. Je lui souris en retour ; je ne ...