1. Revenir ?


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... laboratoire, subrepticement pour éviter les quelques hommes qui y survivaient et qui devaient me haïr au point de certainement chercher à me tuer s’ils m’avaient croisé. Et chaque fois, j’avais rapporté quelques outils, quelques matériaux qui nous faisaient défaut, de quoi améliorer notre quotidien et nous rendre la vie plus facile et plus agréable.
    
    Alys était devenue une pêcheuse hors pair, et réussissait régulièrement à nous attraper du poisson, que nous accompagnions d’algues et de crustacés bouillis ou cuits sur le feu. Au cours de l’une ou l’autre de nos promenades de plus en plus loin de notre camp, nous avions même découvert de petits arbustes fruitiers, produisant de grosses baies qui s’étaient avérées comestibles à défaut d’être délicieuses. Sans doute les premiers qui repoussaient dans cette région du monde depuis le cataclysme surénergique fusionnique qui avait presque détruit l’humanité.
    
    En quelques mois, le ventre de ma compagne s’était arrondi. Elle avait alors définitivement compris le ridicule des préceptes moraux qu’on lui avait inculqués dans sa jeunesse, à Avila : on lui avait assuré que la vie n’était pas possible hors de la ville, et nous survivions là depuis plusieurs mois ; on lui avait assuré que les dégénérés étaient stériles, et elle était enceinte depuis plusieurs mois ; on lui avait assuré que les dégénérés n’étaient rien, et elle était tout pour moi depuis plusieurs mois…
    
    La ville ne nous manquait pas. Tout au plus, parfois, les jours de ...
    ... pluie ou de froid, Alys regrettait-elle quelque peu le confort agréable du vaste appartement de Dame Heline. Et tout au plus, parfois, les jours de lassitude ou de découragement, manquions-nous quelque peu de compagnie. Mais ces jours étaient rares, et la vie ici était belle et résolument optimiste.
    
    Sa grossesse se déroula normalement, sans ennui particulier. Jusqu’aux derniers moments, ma compagne continuait à nager dans l’océan à la recherche d’algues ou de fruits de mer. L’accouchement fut difficile, mais au deux cent quarante-septième matin après notre arrivée dans ce campement, elle donna naissance à une fille et un garçon, que l’on prénomma Alphya et Jilon, qui grandirent à nos côtés, apprenant à marcher sur la grève devant ce qu’on avait convenu d’appeler notre refuge.
    
    Tout s’était bien passé jusqu’à une dizaine de jours plus tôt. Ce n’était pas la première fois que les jumeaux étaient malades ou fiévreux, mais c’était la première fois que ça inquiétait Alys à ce point, et la première fois que le mal ne disparaissait pas naturellement après quelques nuits de sommeil.
    
    Il me fallut encore presque une journée pour accomplir l’aller-retour jusqu’au laboratoire, dont je revins hélas sans la moindre bonne nouvelle, ni la moindre chose apparentée à un quelconque médicament. Et lorsque je regagnai notre cabane, ce fut pour découvrir avec angoisse nos enfants toujours plus fébriles et apathiques.
    
    ***
    
    — Avila.
    
    Ce fut Alys qui prononça la première le nom de la ...
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