1. Revenir ?


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... la foule, dans laquelle les surveillantes aménageaient un passage de quelques mètres, repoussant fermement les habitantes, pour permettre aux Patriciennes de s’avancer jusqu’au parapet. Nous n’osions plus nous approcher. Mais tranchant le silence pesant, un cri s’éleva soudain, quelque part dans la multitude :
    
    — Alys !
    
    Impossible de dire d’où ça venait précisément. Mais la voix ne faisait aucun doute.
    
    — Alys !
    — C’est Dame Heline, murmura ma compagne.
    
    C’était elle, en effet. Et nous l’aperçûmes lorsqu’elle nous adressa de grands gestes, au beau milieu du cordon des sentinelles. Elle était vêtue d’une longue robe rouge. Elle était une des Patriciennes.
    
    — Qu’on leur lance des échelles ! hurla l’ancienne maîtresse de ma belle rouquine. Il faut les aider à grimper là.
    
    Étonnamment, un vivat lui répondit. Se pouvait-il vraiment que nous fussions les bienvenus ?
    
    La foule était encore agitée de sentiments contraires lorsque nous parvînmes enfin au pied des murailles. Sous les regards perplexes des habitantes, je me penchai auprès du corps disloqué de la prêtresse tombée dans le vide. Je confirmai sa mort d’un geste vers Alys, qui leva courageusement les yeux vers le parapet.
    
    — Elle est morte.
    
    Personne ne réagit. La silhouette de Dame Heline apparut au-dessus de nous, entre deux surveillantes.
    
    — Alys ! Je suis tellement heureuse !
    
    Ma bien-aimée ne répondit pas tout de suite, cherchant sans doute ses mots. Elle me lança un regard inquiet avant de ...
    ... relever la tête. Je la laisserai parler, c’était plus sûr.
    
    — D’où venez-vous, Alys ? Et comment allez-vous ? Je suis si contente de te revoir !
    — Nos enfants sont malades. Ils mourront si vous ne nous aidez pas.
    — Vous allez monter nous rejoindre, des surveillantes sont parties chercher des échelles.
    
    Alys tourna de nouveau vers moi son visage inquiet.
    
    — Non ! criai-je.
    
    Une vague d’incompréhension, et peut-être de réprobation agita les habitantes assemblées au-dessus de nous.
    
    — Nous n’avons pas confiance ! Nous savons que nous ne sommes pas les bienvenus ici.
    
    Le brouhaha s’amplifia.
    
    — Regardez ! vociférai-je encore en désignant le cadavre au pied des murailles.
    
    De longues secondes passèrent. Sur les remparts, des surveillantes tentaient de ramener le calme. Deux échelles de corde furent lancées, maintenues par des sentinelles auprès de Dame Heline.
    
    — Vous êtes les bienvenus ! cria soudain une autre voix dans la foule.
    — Oui ! Bienvenue ! hurla encore une autre.
    — Oui !
    
    Le tumulte était à son comble. Pour d’autres, à l’évidence, nous ne devions pas entrer. Des habitantes se battaient même. Je cherchai du regard Dame Heline ; elle s’était tournée vers les autres Patriciennes. Elles devaient discuter entre elles de la conduite à tenir à notre égard.
    
    — Écoutez-moi ! tentai-je. Écoutez-moi !
    
    Je n’obtins un semblant de calme qu’après une dizaine d’appels.
    
    — Habitantes d’Avila ! Écoutez-moi ! Nous n’avons pas confiance ! Ni en vos lois, ni en vos ...
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