1. Revenir ?


    Datte: 10/05/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf, Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... des dégénérés…
    
    Nous marchâmes encore près d’une heure, traversant le plateau rocheux qui entourait la ville, avant d’entendre les acclamations de la foule toujours plus dense. Et bientôt, nous pûmes même distinguer leurs paroles.
    
    — C’est un grand jour !
    — La prophétie se réalise !
    — Ils nous apportent le bonheur et la connaissance !
    — Oh ! Regardez ! C’est un dégénéré !
    — Un dégénéré ? C’est impossible !
    
    Voilà, nous y étions… Sur les remparts, devant nous, de nombreuses sentinelles en armes tentaient de canaliser la multitude dont la liesse venait de soudain prendre un grand coup.
    
    — Et ils portent des enfants !
    — C’est peut-être une dégénérée, elle aussi !
    — Laissez passer ! Laissez passer les Patriciennes !
    
    Les Patriciennes… C’était pour le meurtre de l’une d’elles que ma compagne avait été condamnée à mort. Peu à peu, le silence se fit sur les murailles. Toutes les femmes assemblées là réalisaient soudain à quel point la situation était ridicule ; leur prophétie tant espérée s’accomplissait, mais impliquait deux êtres qu’elles avaient toujours considérés comme abjects et inférieurs.
    
    Nous n’étions plus qu’à quelques centaines de mètres d’Avila. Une silhouette se détacha bientôt des autres ; une habitante qui devait être montée sur le parapet de l’enceinte se mit à haranguer ses semblables.
    
    — Si les prédictions se concrétisent ainsi, mes sœurs, c’est pour nous prouver à quel point nous faisions fausse route ! Ces deux dégénérés qui nous viennent ...
    ... avec leurs enfants sont des envoyés des dieux ! Ils sont là pour nous montrer la vérité, pour changer nos cœurs.
    
    Sa voix déchirait le silence et montait jusqu’à nous. Fendant la foule, des surveillantes escortaient quelques personnes, sans doute les fameuses Patriciennes.
    
    — Les dégénérés sont nos égaux ! cria encore celle qui s’était improvisée prêtresse, déclenchant cette fois une vague de réprobation et de colère.
    
    Des hurlements et des mouvements de furie parcoururent l’assemblée. Si certaines des habitantes semblaient accepter son point de vue, la plupart étaient révoltées qu’on puisse éprouver de telles pensées.
    
    — Nous ne parviendrons jamais à entrer sans encombre, observa ma compagne tandis que nous continuions d’avancer vers les remparts.
    — Nous n’avons peut-être pas besoin d’entrer…
    
    Elle me lança un curieux regard. Devant nous, sur le parapet, celle qui prêchait poursuivait, s’époumonant toujours.
    
    — Regardez ! Ce sont bien des dégénérés que nous ont envoyés les dieux pour accomplir la prophétie ! Alors ? Pourquoi, d’après vous ? Et ils portent la vie ! Nous devons…
    
    Mais elle n’eut pas le temps d’en dire davantage. Elle fut soudain poussée dans le vide. Son hurlement s’interrompit tout net lorsque son corps s’écrasa une vingtaine de mètres plus bas sur les rochers.
    
    — Oh, c’est affreux !
    
    Alys avait porté ses mains à sa bouche. Nous nous étions tous les deux immobilisés en apercevant la scène. Devant nous, un silence de mort régnait maintenant sur ...
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