1. Harmonie du soir


    Datte: 07/05/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... ce stupide sentimentalisme !
    
    — Qu’est-ce que vous voulez, Tomaze ? souffla-t-elle d’une voix de suppliciée.
    
    Deux minutes passèrent sans aucune réponse. Puis l’écrivain poussa un énorme soupir, et dit à travers la porte, d’un ton plus déterminé :
    
    — Je dois t’expliquer certaines choses, Liana. Ouvre-moi, s’il te plaît…
    — On m’a dit de me méfier de vous.
    
    Courte pause de l’autre côté, comme s’il méditait et digérait ses paroles.
    
    — Oui, je le savais, éluda-t-il.
    — Alors pourquoi êtes-vous venu ? reprocha-t-elle, des sanglots dans la voix. Je ne sais plus quoi faire avec vous ! Je ne sais plus où j’en suis… je vous en prie, j’ai assez de problèmes, sans que vous ne m’en rajoutiez encore… essayez de comprendre !
    — Je comprends… Je n’ai pas voulu ce qui arrive… Ouvre-moi, Liana.
    — Cessez de me tutoyer ! On ne se connaît pas, on ne se connaît plus… je vous interdis d’agir avec moi comme si j’étais devenue une de vos intimes !
    
    Autre silence, plus long, cette fois-ci.
    
    — Et puis, comment avez-vous eu mon adresse ? demanda-t-elle soudain. Je ne vous ai donné que celle de mes parents !
    
    Il y eut soudain un claquement de porte dans le couloir, et Tomaze sembla saluer quelqu’un.
    
    — Liana, un de tes voisins vient de jeter un œil dans le couloir pour voir ce qui se passait… on va continuer à se parler à travers une porte encore longtemps ? Tu ne crois pas que c’est un peu puéril de ta part ? Si ça continue, il va appeler les flics…
    — Qu’il le fasse ! ...
    ... cingla-t-elle. Au moins, je serais débarrassée de vous !
    — Liana… sois raisonnable.
    — Je vous ai déjà dit d’arrêter de me parler comme si on se connaissait bien ! Je ne sais rien de vous !
    
    Néanmoins, elle ouvrit brutalement la porte ; ses yeux jetaient des éclairs. Adossé au chambranle, immense, Tomaze se mit à la dévisager avec lassitude.
    
    — Entrez ! ajouta-t-elle sèchement. Vous avez une telle mine patibulaire que si mon voisin appelle effectivement les flics, il y a de grandes chances qu’ils vous embarquent !
    
    Il sembla hésiter, puis fit deux pas dans l’entrée, et referma la porte derrière lui. Il prit le temps de jeter un regard circulaire sur la pièce, avant de reporter son attention sur Liana qui, les bras croisés, fulminait en silence.
    
    — Je sais que tu… vous ne connaissez rien de moi, mais j’aimerais dissiper un malentendu.
    
    L’avait-elle seulement entendu ? Elle ne paraissait intéressée que par la pochette qu’il tenait à la main.
    
    — C’est à moi ? interrogea-t-elle sans détours verbaux.
    — Oui.
    
    Il n’avait même pas fini de parler qu’elle avait déjà fait deux pas en avant et lui avait arraché la pochette des mains.
    
    — Merci ! lança-t-elle sans la moindre trace de reconnaissance dans la voix. J’ai essayé de les récupérer la semaine dernière, mais vous n’étiez pas là.
    — Oui, j’étais chez mon éditeur et ami, Julien Mac Cooley. À Paris, précisa-t-il.
    — En voilà un qui a un nom on ne peut plus français.
    
    Tomaze tiqua, pour la première fois depuis dix minutes.
    
    — ...
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