1. Harmonie du soir


    Datte: 07/05/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... Et alors ? s’informa-t-il poliment. Vous êtes raciste ou xénophobe, peut-être ?
    
    Liana haussa les épaules d’un air gêné, lui jeta un regard hésitant, puis lui tourna le dos pour aller déposer sa pochette près du lit. Sa colère semblait être subitement tombée.
    
    — Non, bien sûr que non. Je voulais juste être désagréable, convint-elle, plus calmement. Écoutez Tomaze, je veux que vous partiez, maintenant. Ça sera plus facile pour nous deux.
    — Je sais que quelqu’un vous a menacée. Dites-moi qui est cette personne.
    
    Liana parut troublée. Elle passa une main distraite dans ses cheveux, et se frotta la nuque, sans le regarder ; elle essayait de gagner du temps. Il remarqua soudain son tablier taché, ses doigts maculés de peinture, et enfin, le chevalet tourné vers le mur, la lampe halogène placée juste à côté.
    
    — Je vois que je vous dérange, dit-il d’une voix adoucie. Vous étiez en train de peindre ?
    — Peu importe. Maintenant, je suis là devant vous et j’attends vos explications,si vous avez vraiment l’intention de m’en fournir, bien entendu…
    
    Tomaze eut un geste d’agacement.
    
    — Pourquoi faut-il toujours que vous me fassiez comprendre à quel point vous me tenez en piètre estime, Liana ?
    
    Elle eut un ricanement amer.
    
    — Ah, parce que c’est ce que vous pensez ? Je crains que vous n’auriez reçu aucun césar de la meilleure interprétation si vous aviez été comédien…
    — Très bien, laissa-t-il tomber d’une voix posée. Alors dites-moi pourquoi vous doutez de moi à chaque ...
    ... seconde que nous passons l’un avec l’autre…
    
    Mais elle écarquilla les yeux, et le fixa avec une sorte d’incrédulité qui, inexplicablement, dérangea l’écrivain.
    
    — Douter de vous ? Vous me demandezvraiment de vous expliquer pourquoi je doute de vous ? Est-ce que vous êtes stupide, Tomaze, ou simplement aveugle ?
    
    Tomaze fit quelques pas dans la pièce, évitant son regard, dans l’espoir de reprendre une contenance.
    
    — J’avoue ne pas vous suivre, murmura-t-il.
    
    Mais il savait ce qui allait arriver. Oh, comme il le savait, et comme il le redoutait à la fois. L’histoire se répétait inlassablement, indéfiniment, sans se préoccuper une seule minute de la confusion de ses sentiments…
    
    Devant tant de mauvaise foi, le sang de Liana ne fit qu’un tour. Elle s’approcha de lui, agrippa violemment la manche de son pull-over, et lui décocha une œillade brûlante de rage :
    
    —Ah non, Tomaze, vous n’allez pas me faire ce coup-là ! Vous ne me suivez pas, c’est ce que vous avez dit ? Menteur ! Comme si vous n’étiez pas au courant de tout ça ! Vous me prenez pour uneconne ou quoi ? Vous croyez que je ne vous ai pas vu, vous et vos tactiquessubtiles pour mettre la main sur le journal ? Vous le voulez, cejournal ?
    
    Elle le lâcha tout aussi violemment, se précipita sur un tiroir de son bureau, qu’elle ouvrit à la volée ; puis elle en sortit le journal intime de Diana, le brandit devant lui :
    
    — C’est ce journal qui vous intéresse, hein ! rugit-elle. Ce n’est pas moi, n’est-ce pas ? Eh ...
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