1. Harmonie du soir


    Datte: 07/05/2018, Catégories: nonéro, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... chuchota-t-elle.
    
    Il y avait un tel accent de sincérité dans sa voix que Tomaze ne songea même pas à vérifier qu’elle ne croisait pas les doigts pour conjurer cet engagement.
    
    Lentement, Liana se dégagea de son étreinte, et plongea ses yeux gris dans les siens. Ils étaient d’une telle limpidité que Tomaze se sentit touché jusqu’au tréfonds de l’âme.
    
    — Liana… protesta-t-il à voix basse.
    
    Mais elle approcha tout doucement son visage du sien. Il la regarda venir sans opposer la moindre résistance ; mais il ne l’encouragea pas non plus. Il sentit son souffle chaud et léger contre sa joue. Puis contre sa bouche. Leurs lèvres s’effleurèrent, se frottèrent, avant de s’appuyer l’une contre l’autre, hésitantes au début, puis de plus en audacieuses. Tomaze répondit alors à son baiser, avec une ardeur qu’il ne se connaissait plus. Ils s’embrassèrent longtemps, sans même réaliser à quel point cet acte serait peut-être lourd de conséquences…
    
    Par bonheur, le quadragénaire eut la présence d’esprit de mettre fin à leur brutale intimité. Il s’éloigna, et vit les yeux de Liana se rouvrir, le fixer ; puis la jeune femme s’écarta elle aussi, et finit par détourner la tête. Elle semblait troublée.
    
    — Je suppose qu’on peut accuser l’alcool, dans ces cas-là, bredouilla-t-elle avec gêne.
    
    L’homme la regarda affectueusement.
    
    — L’accuser de quoi, Liana ? demanda-t-il avec douceur.
    
    Elle se mordit les lèvres, toujours en évitant de le regarder.
    
    — Pour expliquer que je me sois ...
    ... jetée à votre tête avec tant d’indécence…
    
    Le vouvoiement paraissait de rigueur, après une telle scène. Il fallait remettre les pendules à l’heure.
    
    — Oui, ce doit être à cause de la dose d’alcool qui coule dans vos veines, ironisa-t-il légèrement. Je me demande même s’il y reste la moindre goutte de sang… ajouta-t-il avec un étrange sourire.
    — Ah, ah. Ce n’est pas drôle, Tomaze.
    
    Puis elle étouffa un long bâillement.
    
    — Je vais vous laisser, dit enfin Tomaze.
    — Je suis fatiguée, convint-elle.
    — Vous êtes ivre, rectifia-t-il.
    
    Elle sourit, puis lui jeta un long regard pensif.
    
    — Vous ne m’en voulez pas ? fit-elle, lentement.
    — Quoi ? D’avoir voulu m’embrasser ?
    
    En silence, elle hocha la tête.
    
    — Non, je ne vous en veux pas, répondit-il abruptement. Comment le pourrais-je ? Moi aussi, j’en avais un peu envie, autant l’avouer… Et puis, ce n’est qu’une façon de se consoler, d’alléger le poids de la solitude… je comprends tout à fait ça.
    — Oui, je sais…
    — De toute manière, il fallait bien que cela se produise un jour ou l’autre. Maintenant que c’est fait, on va cesser d’y penser, et ce sera plus facile de devenir amis, n’est-ce pas ? Et de se concentrer sur notre projet.
    
    Elle le dévisagea. Elle paraissait soulagée. Il se leva, lui caressa la tête d’un geste tendre, puis se dirigea vers la porte.
    
    Quand il se retourna une dernière fois, quelque chose dans l’attitude de la jeune femme montrait qu’elle n’était pas complètement rassurée. Il la regarda un ...