1. Une merveilleuse nuit


    Datte: 06/05/2018, Catégories: fh, hplusag, voyage, pénétratio, fsodo, fantastiqu, Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe

    ... Une femme arrive. Je commande un café. Un peu étonnée de voir une étrangère, elle engage la conversation. Pour me renseigner sans éveiller l’attention ni passer pour folle, je lui dis que mes grands parents m’ont parlé d’une grande maison, mais que je ne l’ai pas vue.
    
    — Ah, vous parlez probablement du château. Il y a trente cinq ans qu’il a brûlé, en 1922, l’année de ma naissance. Oh, les vieux disent beaucoup de choses là-dessus. Tenez ma vieille tante, qui vit avec nous, raconte de drôles d’histoires. Mais elle a un peu perdu la tête, elle a eu tant de malheurs. Elle est assise sous le tilleul dans la cour. Si vous avez le temps, allez la voir, cela lui fera plaisir, et elle vous en parlera en détail.
    
    Par une porte au fond de la salle, elle me fait entrer dans un enclos. Je vais voir la vieille dame. Elle est dans un fauteuil, immobile, paraissant dormir. Je m’approche doucement.
    
    — Bonjour petite fille, tu es gentille de venir me voir.
    — Madame, c’est votre nièce qui m’envoie. Je voudrais savoir ce qu’est devenu le château. Il paraît qu’il a brûlé il y a longtemps.
    — Toi aussi tu veux encore t’amuser et te moquer de moi.
    — Non, je suis très sérieuse, je viens de loin.
    
    La vieille reste immobile et silencieuse une paire de minutes. Puis elle me dit :
    
    — Tu veux vraiment connaître l’histoire du château ?
    — Oh oui, et complètement si possible.
    — Alors, ce sera long. Va prendre la chaise là-bas et viens t’asseoir à côté de moi.
    
    Je m’assois à côté d’elle. ...
    ... Elle commence :
    
    — Je suis née dans ce village en 1890. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours connu le château et « Monsieur ». Il devait avoir un nom, mais on l’appelait ainsi.
    
    Monsieur était né en 1870 pendant la guerre. Il vivait dans cette grande maison avec deux domestiques. Enfin, domestiques, si l’on peut dire. Elle, Mélanie, c’était sa nourrice qui l’avait élevé, sa mère étant morte en lui donnant le jour. Firmin était son mari. Il les considérait comme ses parents, mais les vouvoyaient en public.
    
    Tous les dimanches, Monsieur venait à la messe à cheval ou bien dans la carriole avec Mélanie et Firmin quand il pleuvait trop. Il avait sa place dans l’église, près du chœur. Tout le monde l’aimait bien, le respectait. Il était généreux, pas fier, faisait travailler les hommes dans ses bois et ses champs, et les femmes pour les tâches de la maison. Il embauchait surtout les veuves jeunes afin qu’elles puissent nourrir leur famille. Chaque fois qu’il y avait un mariage, la promise allait le voir l’avant-veille, il l’invitait à manger, lui faisait un cadeau. Soit du linge, jolie parure ou jolie robe, soit des louis ou un bijou.
    
    En 1905, je suis allé pour la première fois travailler chez lui. Il paraît que j’étais jolie. Il m’a de suite remarquée et me l’a dit. J’avais un amoureux de mon âge, Sébastien. Nous avions décidé de nous marier, mais il fallait qu’il fasse son service militaire. Deux ans éloigné du village. Quand il est revenu en 1913, il est allé ...
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