1. Le cavalier de l'Empereur


    Datte: 05/05/2018, Catégories: fh, fbi, hplusag, uniforme, campagne, voyage, amour, Oral aventure, historiqu, Auteur: Margeride, Source: Revebebe

    ... infanterie si l’ennemi arrive à s’y retrancher. Puis il lança son célèbre et fort peu distingué :
    — Messieurs, direction le trou de mon cul, nous allons prendre Erfurt.
    — Pour Pierre cette journée du 15 octobre 1806 fut le grand tournant de son existence. La campagne de Prusse fut triomphale, les Prussiens étaient totalement démoralisés. Dès que les cavaliers de Murat se présentèrent devant Erfurt, la place forte se rendit sans combattre. À la fin d’octobre, Napoléon entrait à Berlin.
    — Et Pierre ?
    — Pierre reçut la croix de la Légion d’Honneur et l’Empereur lui octroya une rente de 3000 francs, deux fois le revenu moyen de l’époque ! De là commença la fortune de la famille Desbois car Pierre, en paysan avisé, envoya l’argent à sa grand-mère qui acheta terres et troupeaux. Mais la plus grosse surprise était à venir. La Prusse écrasée, Napoléon tourna ses forces contre la Russie. Fin novembre, Pierre entrait dans Varsovie avec les troupes de Murat. L’Empereur arriva à son tour quelques jours plus tard dans la capitale polonaise. Dans les derniers jours de 1806, Pierre fut appelé auprès du colonel Dornès, qui lui remit un ordre du maréchal Bessières. Il était affecté au régiment des grenadiers à cheval de la Garde Impériale, l’élite de l’élite.
    
    Ils avaient repris la route assez tôt bien que la nuit ait été courte. Une neige, fine comme de la poussière, venait saupoudrer le pare-brise du Range Rover. Le soleil commençait à disparaître lorsque, peu après ...
    ... Saint-Chély-D’apcher, ils prirent une route étroite qui serpentait au milieu des bois et des landes. Au détour d’un virage, ils découvrirent dans la lueur des phares une pancarte « Rignac », ils traversèrent le village, quelques maisons grises groupées autour d’une petite église à laquelle était adossée une minuscule cure.
    
    — La cure de l’abbé Dosière ?
    — Oui, là où Pierre passait ses soirées.
    
    La plupart des maisons étaient noires, une seule d’entre elles était éclairée. Ils parvinrent à une place où se trouvait une mairie, étonnamment grande pour l’endroit et, au milieu d’un massif de buis taillés, une stèle supportant le buste d’un général d’Empire.
    
    — Pierre ?
    — Oui, un buste de François Rude, il a aussi sculpté la statue de Ney qui se trouve vers l’Observatoire, celle-ci date de 1854, peu de temps avant sa mort, une de ses dernières œuvres.
    
    En sortant du village, ils prirent sur la droite, une longue descente au milieu des champs. Rignac s’arrêta devant une masse de rochers noirs, qui se détachait sur la neige, au milieu d’une grande clairière. Sous la lumière des phares, Charlotte s’aperçut que le rocher était en fait les ruines d’une grande demeure.
    
    — Ce qui reste de la maison Jeanlin. En mai 1944, peu avant Oradour, un groupe de SS de la « Das Reich », égaré, est arrivé ici. Ils ont trouvé la femme et les deux filles de Marcel Jeanlin, c’était le vétérinaire, ils les ont massacrées toutes les trois et ont incendié la maison au lance-flammes. Mais Jeanlin était un ...