Le cavalier de l'Empereur
Datte: 05/05/2018,
Catégories:
fh,
fbi,
hplusag,
uniforme,
campagne,
voyage,
amour,
Oral
aventure,
historiqu,
Auteur: Margeride, Source: Revebebe
... colline, les deux compères découvrirent un spectacle extraordinaire. La réserve générale de cavalerie était là, alignée par divisions, prête au départ. À perte de vue, on voyait les régiments : scintillement des cuirasses, hauts bonnets en poil d’ours des carabiniers, habits verts des dragons, tenues chatoyantes des hussards, étendards claquants au vent et, çà et là, les attelages des batteries d’artillerie à cheval. Il s’en dégageait une formidable impression de puissance. Sans dire un mot, Pierre et Gougeard s’arrêtèrent, fascinés par le spectacle.
Mais l’heure n’était pas à la contemplation et, bien vite ils piquèrent des deux en direction d’un carrefour marqué d’un calvaire en pierre. En approchant, Pierre s’aperçut que tous les généraux étaient là, il reconnut Nansouty et aussi Saint-Germain qui commandait sa brigade et il y en avait d’autres dont il ne savait pas les noms. Au milieu, un colosse à la longue crinière noire bouclée était penché sur une table pliante de campagne, scrutant une carte. L’homme portait un habit cramoisi orné de fourrure et rehaussé de somptueux brandebourgs d’or. À son côté pendait un sabre courbe, à l’orientale, dont le fourreau était magnifiquement ouvragé. Sa taille était marquée par la large ceinture d’or et d’argent insigne des maréchaux. C’était Murat.
Gougeard et Pierre se figèrent au garde-à-vous, attendant que le maréchal leur adresse la parole :
— Alors mes gaillards, vous êtes en ballade ? Êtes-vous au courant que c’est la ...
... guerre ?
— Altesse, le maréchal des logis a repéré l’armée prussienne et capturé un colonel.
— Tiens donc, tu as fait ça toi ? s’exclama Murat en s’approchant de Pierre. Ils étaient approximativement de la même taille, mais Murat semblait immense tant il irradiait de force : un héros antique.
— Oui, Altesse, au sud-ouest de Taubach, nous avons accroché un détachement prussien qui bivouaquait sur une hauteur. Le sous-lieutenant Lefranc a été tué, j’ai conduit une charge et l’ennemi s’est rendu. J’ai observé des forces nombreuses, une ou deux divisions, peut-être plus, qui se repliaient en direction d’Erfurt avec des canons et de la cavalerie.
Murat l’empoigna par le bras et désigna la table où se trouvait une immense carte.
— Tu sais lire une carte ? Montre-moi.
Pierre s’approcha de la carte et, de son doigt, il indiqua les mouvements de troupe. Jamais il n’avait été aussi heureux des cours de géographie de l’abbé Dosière. Lorsqu’il se releva, Murat le regarda avec un large sourire.
— Bordel de Dieu ! Si on m’avait dit que je rencontrerai un maréchal des logis qui sait se servir d’une carte comme un officier d’État-Major. Bravo mon garçon, grâce à toi, nous les tenons !
Il sauta en selle. Son cheval, sentant l’excitation de son cavalier se cabra. Murat se tourna vers Gougeard :
— Lieutenant, dites à l’Empereur que je suis sur les traces des Prussiens, qu’il ordonne au Maréchal Soult de se mettre en route vers Erfurt, j’aurai besoin de ses canons et de son ...