1. Le cavalier de l'Empereur


    Datte: 05/05/2018, Catégories: fh, fbi, hplusag, uniforme, campagne, voyage, amour, Oral aventure, historiqu, Auteur: Margeride, Source: Revebebe

    ... hommes occupés à rajuster leurs habits, accrocher leurs cuirasses et seller les chevaux. Comme ses camarades, le maréchal des logis Desbois, de la 4ème Compagnie du 12ème régiment de cuirassiers s’activa pour que son peloton soit prêt. Enfin il se passait quelque chose !
    
    Ce qui, quelques instants auparavant, semblait chaotique pris forme. Les cavaliers s’alignaient par compagnie, tenant leurs chevaux par la bride. Le général Nansouty, commandant la 1ère division de grosse cavalerie, arriva au trot, flanqué du colonel Dornès et des officiers supérieurs. Malgré le froid et le manque de sommeil, le général avait fière allure, net, rasé, sanglé dans son uniforme bleu nuit à parements d’or. Sa voix puissante retentit dans la nuit :
    
    — Cavaliers, l’armée prussienne est en fuite. L’Empereur nous charge de la trouver et de la détruire. À cheval, je compte sur vous.
    
    À ces mots, Pierre sentit son cœur s’emballer. Quatre années bientôt qu’il servait au 12ème régiment de cuirassiers mais il n’avait encore participé à aucun combat. Victime de ses talents de cavalier, il avait été affecté, aussitôt après ses classes, à l’instruction des nouvelles recrues. Comme il savait lire, il était rapidement devenu sous-officier mais il en avait assez de la vie de garnison. Ce qu’il voulait, c’était partir à la conquête de l’Europe. Il repensa à sa déception lorsque, rejoignant son régiment au soir du 2 décembre 1805, quelque part en Moravie, près du village d’Austerlitz, il apprit que ...
    ... l’armée française venait de remporter une immense victoire sur les troupes autrichiennes et russes. Il sentit la colère monter en lui tandis que ses camarades lui racontaient comment ils avaient chargé à quatre reprises mettant en déroute la cavalerie du Prince de Lichtenstein. La veille encore, il avait cru revivre la même mésaventure lorsqu’atteignant les faubourgs de la ville d’Iéna, il avait entendu qu’une grande bataille venait de se dérouler et que les Prussiens fuyaient devant l’armée Impériale.
    
    C’est en entendant parler des campagnes d’Égypte et d’Italie et de ce jeune général corse au drôle de nom, « Buonaparte », qui était devenu maître du Pays, que Pierre avait affirmé sa vocation militaire. L’abbé Dosière avait tenté de l’en dissuader mais devant la résolution du jeune homme, il avait pris le parti de l’aider dans la voie qu’il avait choisie. Pierre se souvenait de cette soirée de la fin de l’été de 1802. Ils étaient tous deux assis dans le jardinet de la cure, buvant du vin doux en bavardant.
    
    — J’ai connu la guerre, Pierre, c’est terrible et ton Bonaparte me fait peur. Je l’ai croisé à Paris sous la Révolution, il avait quelque chose dans le regard qui m’a terrifié.
    — Mais, mon Père, c’est lui qui a sauvé la Patrie, je veux le servir.
    — Tu as bien réfléchi ? C’est vraiment ce que tu veux, te battre, tuer et peut-être être tué ?
    — Oui, mon Père, c’est ce que je ferai.
    
    L’Abbé était rentré dans la cure et était revenu avec une plume et du papier. Sous la ...
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