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La prisonnière de Qubilaï
Datte: 04/02/2021, Catégories: fh, asie, hdomine, contrainte, historique, aventure, fsoumisah, Auteur: Stemcel, Source: Revebebe
... compagnon fidèle. Ils s’arrêtèrent dans la nuit pour camper. Devant le feu Qubilaï était songeur et rompu. La campagne militaire du Khwazerm était finie, jamais il n’avait ramené d’aussi riche butin; même le pillage de la Chine n’avait pas été aussi fructueux. Gengis Kahn l’encensait, le donnant toujours en exemple et le tenant pour un de ses meilleurs généraux. Pourtant il se sentait las de toutes ces guerres, les odeurs âcres et putrides de tous ces massacres lui revenaient et lui donnaient la nausée. Il n’avait que faire de tout cet or, de ces tapis de ces bijoux. À quarante-cinq ans il avait l’impression d’avoir parcouru tout l’univers pour semer partout la mort et la désolation. Durant toute sa vie il avait toujours aimé dominer ; déjà adolescent sa force impressionnait, dans les parties de lutte il écrasait ses adversaires. Depuis il avait dompté des dizaines de chevaux et tué des centaines d’hommes. Pourtant il repensait à la belle Circassienne qui se moquait de sa force et qui le méprisait. Les quatrains qu’elle lui avait répétés à chacune de leurs entrevues s’étaient instillés en lui comme un poison. Parfois, pendant les chevauchées solitaires, lui revenait le poème qui rongeait son cœur comme un ver : « Tu n’es qu’un pont jeté entre deux vides » et cette mélancolie minait secrètement son moral. Lui qui n’avait jamais douté, lui qui avait vécu toute sa vie dans le tourbillon de l’action et de la conquête, lui Qubilaï, le général glorieux, il ressentait ...
... pour la première fois le vertige du vide et la vanité de sa gloire et de sa richesse. Dans la nuit froide, il sentait une colère sourde monter contre Dieu. Il regardait le ciel étoilé qui lui rappelait la tenture misérable de la yourte de son enfance, piquée de trous elle laissait passer la lumière. Enfant il passait des heures à regarder cette tenture noire tachetée de petits points brillants. Il se demandait ce soir quel guerrier puissant avait bandé son arc contre Dieu et tiré ses flèches si haut dans le ciel qu’elles avaient percé la tenture noire de la nuit qui occultait le soleil. Il se jeta un bol d’eau glacée sur le visage pour chasser ses pensées lugubres. Demain il serait à son campement. Ce qui le poussait à rentrer si vite c’était l’envie de retrouver cette Circassienne. Cette femme trop belle qu’il n’avait pas encore réussi à soumettre. Dans un sursaut d’énergie il sentit son désir de caresser cette femme à la peau blanche et au pubis d’or, de la posséder, de la dompter comme un bel animal. Dès demain il montrerait à cette princesse arrogante que la force mongole était maîtresse du monde. Le lendemain matin ils galopaient impatiemment pour rejoindre le campement. À peine arrivé, il chercha Ishtar dans sa yourte luxueuse. Elle était assise dans une haute chaise de cuir et une esclave la coiffait. Elle lui parut encore plus belle que dans son souvenir. Elle était vêtue d’une lourde robe rouge décorée avec des arabesques de fil d’or, la couleur vive faisait ...