Les Templiers - Épisode 1 - Histoires de Sexe

Les Templiers - Épisode 1

... C’est la reine ! Aliénor a introduit à la Cour de France une mode charmante : celle du décolleté et des bustiers collants. Depuis sa grossesse, elle affiche une poitrine plantureuse qui met encore plus en lumière ses formes et sa sensualité. Et cette vue a de quoi troubler notre chevalier. Celui-ci reste cependant imperturbable.

— Majesté, cela nous est impossible. Nous devons avoir franchi la plaine avant la nuit. Votre dame devra souffrir.
— Eh bien, qu’il en soit ainsi fait. Je vous en remercie, beau sire.

Et se faisant, la tenture retombe. Amaury s’éloigne promptement, en remontant la longue file de chariots. Si son air est impassible, son cœur bat la chamade et esprit n’est plus que confusion.

— Sa gorge éblouissante fait nuit paraître jour, et lorsque glisse plus bas le regard, le monde resplendit. Nulles paroles ne semblent mieux accordées à ce que tu viens de vivre, me semble-t-il, n’est-ce pas ?

Amaury sursaute et se retourne sur sa selle. Godefroy se tient derrière lui, goguenard. Le jeune templier regarde son compagnon en haussant les épaules.

— Godefroy, tu es trop sensible aux charmes des dames. Les fabliaux des troubadours te montent à la tête, compagnon ! Vois-tu un cadet s’enticher d’une reine ? Je ne suis point Lancelot.
— Et toi, ne joue donc point l’indifférent ! Écoute plutôt la chanson : « Si tu as belle poitrine et cou blanc, que ta robe soit décolletée pour que chacun les désire et en rêve ». Notre reine incarne à merveille la « clef ...

... d’amour ». Avoue que sa beauté t’a troublé.
— Je te l’accorde. Mais ne me fais pas tomber en tentation. L’endroit n’est point propice au péché de chair et à la luxure. Ce n’est ni le lieu ni le moment de badiner.

Sous leurs plaisanteries, les Templiers sont de plus en plus tendus. Maintenant que la Croisade atteint le Bosphore, il va falloir passer en Asie Mineure et là il faudra entonner une autre chanson. D’autant que les nouvelles sont mauvaises. La croisade allemande de Conrad a été anéantie en Anatolie. L’empereur n’a pas eu d’autre choix que de revenir sur ses pas avec les débris de ses troupes. Les Français sont seuls désormais.

Janvier 1148. Gorges de Pisidie.

Une fois passée en Asie Mineure, l’armée s’est engagée sur une route périlleuse, longeant la côte ; aux défilés succèdent des chemins étroits à flanc de falaise, bordés de précipices, de vrais coupe-gorges où les Turcs pourraient l’anéantir sans coup férir. Aussi Louis VII a-t-il décidé de prendre des précautions. Geoffroy de Rancon, un poitevin, vassal d’Aliénor, a reçu l’ordre d’occuper les hauteurs en attendant l’arrivée de l’armée. Il a préféré établir son campement de l’autre côté de la montagne, laissant ainsi un vide dangereux entre l’avant-garde et le reste des troupes. Ce vide, les Turcs s’y ruent aussitôt. Les longues files de chariots sont tronçonnées, submergées par des vagues de cavaliers qui tourbillonnent autour, décochant des pluies de flèches, sabrant à tout-va la piétaille en proie à la ...