Les Templiers - Épisode 1 - Histoires de Sexe

Les Templiers - Épisode 1

... rumeurs à son sujet.
— Foutaises que tout cela. Aliénor a amené un vent de fraîcheur et de liberté qui a fait du bien à la cour. Avec elle, on rit, on danse, on aime. Je sers Dieu, mais je ne puis en même temps m’empêcher de blâmer notre roi ! La reine n’a même pas trente ans et réchauffer sa couche semble pour son mari une épreuve. Faut-il être sot !

Pour sa décharge, Louis VII avait été victime d’un singulier coup du sort. Il s’était destiné à une vie monacale pieuse et retirée du monde. La volonté de Dieu en avait décidé autrement. Son frère aîné avait succombé à la suite d’une mauvaise chute de cheval, le laissant seul héritier. Nul couple ne pouvait paraître plus mal assorti, elle était le feu, il était la glace.

— Il se dit que c’est elle qui a dû le déniaiser le jour de leurs noces. Crois-tu telle fable possible ?
— Qui sait ? La belle a du tempérament. Notre roi saura, avec elle, assurer la descendance de sa dynastie. Enfin, je l’espère.
— Elle n’a donné naissance qu’à deux filles pour l’instant. Mais il est vrai que si elles ont plus tard la beauté de leur mère…
— Je prie Dieu pour que Louis réalise le privilège que la providence lui a accordé. Avec le temps, la beauté de sa femme aurait dû l’emporter. Sais-tu ce que chantent chez nous en Aquitaine les troubadours ? « Plus on la désaccoutre, plus croît goût et désir ». Seul notre roi semble y résister. Chacun à la cour se désole de sa froideur à l’égard de la reine. Quelle pitié !

Amaury regarde son ...

... compagnon d’un air faussement sévère. Sacré Godefroy, de l’amour, il a l’air de connaître et l’air et la chanson.

— Si tu aimes tant la vie et l’amour, que diable es-tu venu faire dans les rangs de notre Ordre ?
— J’ai choisi le devoir plutôt que le plaisir. Mais je l’ai fait en connaissance de cause, moi ! Nos adversaires ont une belle maxime : « Le paradis de la terre est sur le dos d’un cheval et entre les seins d’une femme ». J’aurais connu et l’un et l’autre.

Et donnant, en s’esclaffant, une bourrade à son compagnon, il part au galop, remontant la longue file de voitures. Elles sont chargées de robes et de parfums, de draps précieux et de velours, ralentissant la marche de l’armée. Celle-ci marche pendant des mois, traversant l’Europe en suivant le Danube, avant d’atteindre Constantinople et L’Asie Mineure. La réputation d’hommes austères et incorruptibles des Templiers les a fait désigner par le roi pour être les gardes du corps de la Reine et de sa petite troupe, des donzelles qui semblent partir pour un bal plutôt qu’à la guerre. Ainsi cheminent-ils au côté des plus belles dames du Royaume.

Songeur, Amaury regarde au loin la ligne de crêtes que l’armée doit avoir atteint avant la nuit lorsqu’une voix douce le sort de sa rêverie :

— Chevalier, une de mes dames de compagnie se sent mal, pourrait-on faire halte quelques instants ?

Un doux visage, aux yeux clairs et à la chevelure dorée, s’est penché à l’extérieur du chariot, en soulevant les lourdes tentures. ...