1. L'original ou le clone ?


    Datte: 12/01/2021, Catégories: fh, ffh, ecriv_g, Auteur: Busybee, Source: Revebebe

    Mon cher Jacques, je l’ai croisé à Isalia, puis mieux connu sur les bancs de la fac il y a presque deux ans maintenant. La fac de sciences de Doua, dans la banlieue de Lyon. Je débarquais en rejoignant ma soeur au campus de la Doua. Je venais de Bourg-en-Bresse, après quelques années de pensionnat chez les sœurs. Oh les sœurs c’est pas ce que vous pourriez penser, le pensionnat était, disons, assez libéral – j’y ai même perdu mon pucelage en douceur - et je garde de très bons souvenirs de ces quatre années. Mes parents étaient trop occupés par leurs activités européennes pour se soucier quotidiennement de moi, de ma sœur aînée Patricia et de notre petit frère Vincent. Notre père s’occupait comme maintenant d’archéologie, et maman de projets culturels européens, lui toujours sur ses chantiers de fouilles à expertiser quelque part entre l’Atlantique et la Sibérie et elle à Luxembourg, Bruxelles et Strasbourg. Nous nous retrouvions surtout pour les petites vacances à Bourg, parfois pour des week-ends prolongés, et l’été pour des fouilles que mon père organisait depuis plus de dix ans sur les vestiges d’un antique oppidum qui passe comme quelques autres pour le site d’Alésia. À quinze kilomètres de la maison, le site d’Isalia révélait un mélange de vestiges gallo-romains et d’autres plus anciens, apparemment abandonnés depuis près de deux millénaires.
    
    Avec maman, Vincent et Pat, nous formons l’équipe logistique de Papa. Patricia et maman se relaient pour conduire le ...
    ... minibus entre la gare de Bourg et le chantier, le chantier et les lieux d’hébergement, Vincent et moi assurons la distribution des repas, le téléphone, les questions administratives. Une douzaine d’archéologues professionnels encadrent entre trente et cinquante stagiaires volontaires, garçons et filles, qui campent dans les écoles du coin. Ma soeur Pat peut se vanter d’avoir connu charnellement le plus grand nombre d’archéologues possibles, masculins ou féminins, qui la surnommaient même Pat Guiness en hommage à son côté recordwoman. Jacques était un de ces bénévoles qui après son bac soufflait un peu en s’usant les pattes après avoir un peu trop fait travailler ses neurones.
    
    J’avais bien eu quelques flirts pendant ces étés, rien de très sérieux sauf Gilles le dernier, et j’avais pu m’offrir quelques beaux garçons agréables mais tous pris par ailleurs, et qui avaient été si bien éduqués par leurs mamans, petites amies ou épouses que je ne les revoyais plus ensuite, ne recevant qu’une gentille carte postale, sans plus, dans le meilleur des cas.
    
    Jacques n’avait même pas été de ceux-là et je ne l’avais que vaguement reconnu fin septembre dans le grand amphithéâtre pour le discours du doyen. C’est lui qui s’est adressé à moi :
    
    — Bonjour, tu es Clara ? Tu me reconnais ? J’étais sur le chantier d’Isalia en juillet.
    
    En effet je reconnaissais ce grand type blond, plutôt sport qui avait plus l’air d’un équipier de voilier que d’un fouilleur de site antique.
    
    — Ah oui ça me ...
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